Jean
Ziegler a, parmi les premiers, démontré et publié l'assimilation croissante du système
capitaliste au pur banditisme : voyez "Les seigneurs du crime", le
livre qu'il a signé et auquel ont collaboré de nombreux et importants
co-auteurs. Ceux qui ont suivi le cheminement des banquiers à la Morgan et du
patriarche Joseph Kennedy (devenus ennemis mortels après que Franklin Roosevelt
ait choisi ce dernier pour réguler et par là préserver le capitalisme aux Etats-Unis)
ont vu venir de loin cet aboutissement : Chicago des années 1930 était un
point déjà bien avancé de la gangrène, et il faut beaucoup d'entêtement dans
l'ignorance pour maintenir dans l'ombre ce qu'a été et demeure la police new-yorkaise,
au chef récemment décoré de la Légion d'honneur par le Président Sarkozy — ceci
sans parler de champignonnages d'ailleurs, maffya turque, yakusas nippones, et
"Chicago à l'échelle d'un continent" comme Eltsine, orfèvre en la
matière, disait de l'URSS expirante.
L'intervention de Jean-François Gayraud devant
la commission spéciale du parlement européen — sur "la criminalité organisée,
la corruption et le blanchiment de capitaux" (CRIM) le 19 juin 2012 à
11 h 00 — ne contient donc rien de surprenant, encore moins si on a
lu des publications récentes de juges, italiens par exemple, sur ces thèmes.
Elle n'en constitue pas moins une mise à jour hautement pertinente à la fois
par son lieu, son auteur, et le condensé qu'elle offre. Il faut vivement recommander
sa lecture, d'accès très facile sur la Toile. C'est dans cette attente qu'on
propose ci-après, plutôt que des extraits, un choix de formules parfois témérairement
complété : car on a voulu aiguiser encore pour inciter à revenir à
l'auteur original — sans briser l'élan par cent interruptions de guillemets et
de précautions sur la propriété intellectuelle : qu'il soit simplement
entendu que la ligne et les meilleures formules sont de Gayraud, et les qualifications
les plus brutales du blogueur, Redire.
Les
mafias, grandes organisations criminelles secrètes, sont désormais de véritables
transnationales, s'occupant aussi bien de racket, de drogue, de contrefaçon, que
de paris sportifs truqués (le blogueur et bien d'autres se feront une joie de
compléter cette liste par d'autres trafics, d'êtres humains en particulier). Elles
gèrent des flux financiers supérieurs à des PIB d'Etats. Leur rapport à un
territoire est important à préciser, mais complexe : Sicile, Corse pour ceux qui
n'ont pas peur de le dire, mais aussi Albanie, et toutes les zones géographiques
de base ne sont ni situées ni actives dans la seule Europe, Union ou ailleurs.
On aboutit en tout cas à des pans entiers du territoire européen ainsi criminalisés,
voire soumis par structures étatiques. La puissance conquise rend possible d'opérer
des prédations financières d'ampleur macroéconomique, les marchés financiers dérégulés
étant devenus des proies faciles cependant que la lutte prétendue contre le
blanchiment d'argent est un échec complet (paradis fiscaux, instruments
juridiques tels que fiduciaires, etc.), dans l'active complaisance ou complicité
de personnels politiques. En outre, point jamais assez souligné, les acteurs
plus connus des marchés financiers sont eux-mêmes prédateurs : les énormes
escroqueries notoires ont été initiées par des criminels en col blanc à ce jour
impunis, par exemple la fameuse bulle immobilière, et elles demeurent largement
protégées par le passage informatique — le cyberespace très justement qualifié
d'anomique (sans loi — ce fut aussi un mot de Bourdieu), transnational, fluide,
furtif et opaque. Par là le crime organisé accélère sa pénétration de l'économie
légale et finalement tue en masse directement et indirectement, alors que ce
qui est plus ordinairement appelé terrorisme est visible mais d’une létalité
relativement faible. Car à la différence de ce qui est diffusé en échos télévisés
incessants comme terrorisme et insécurité, le crime organisé sait se rendre
invisible et se « recommander » au silence des medias, ce qui lui permet
de se développer impunément.
En conclusion, le crime organisé corrompt le
fonctionnement des marchés au profit de ses acteurs les moins honnêtes, dit
l'intervenant — les plus malhonnêtes ne serait pas déplacé — : cette «
main invisible » est désormais ouvertement criminelle, déforme toutes les
règles, et impose des dégâts considérables sur le budget des Etats, la santé
des consommateurs, l’environnement ou encore le développement économique — le
crime organisé tue, mais aussi détruit et paupérise.
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