L'envahissement
du totalitarisme financier se manifeste partout, tout le temps, et il est de
plus en plus difficile d'y échapper. Un exemple cher au cœur de beaucoup de
Français est donné par France-Télécom devenu Orange et privatisé, où dès qu'on
est abonné à Internet on a droit au téléphone illimité en payant (toutes sommes
en ordre de grandeur) trois euros de plus, contre quarante si on perpétue son
abonnement en ligne fixe indépendante et initiale — la seule sur laquelle les
non-internautes soient un peu informés —. Il est vrai que l'accès aux mobiles
exige alors cinq euros supplémentaires, au lieu d'un seul sur la ligne
classique...
Les "commerciaux" pensent tout cela,
c'est-à-dire à rendre le moins de services possibles qu'on fait payer le plus
cher possible : tant qu'enfin le citoyen réduit au consommateur laisse
tomber ou entre dans le jeu et, par obligation, entraînement ou lassitude,
finit par tout penser en termes de fric et plus jamais en termes d'utilité. On
aboutit ainsi à ce qui maintient le mieux la dictature : d'abord
l'acceptation de la violence par les violés eux-mêmes, ensuite la participation
active de ceux qui, en partie parce qu'il faut trouver un emploi, en partie
parce qu'ils se trouvent très malins de profiter du vice, deviennent justement
les "commerciaux". Il est instructif de les entendre, souvent, se
vanter de n'être nullement techniciens, donc nullement utiles, et parader d'être
parvenus au rôle éminemment gratifiant et ennoblissant d'agents officiels du
système. C'était déjà la mentalité des cols blancs contre les cols bleus. Etonnez-vous
ensuite des votes.
On vivait, sous Staline, dans la terreur des
monstres frappant à la porte au petit matin. Ici aujourd'hui, l'angoisse policière
n'atteint pas grand monde, du moins dans les zones d'électeurs hybrides de
veaux et de limaces (OGM remarquables), larges parts de ce qui fut naguère un
peuple. Par contre le téléphone sonne à toutes heures de jour et de soirée,
pour vous proposer ce dont on n'a que foutre. Il est vrai que l'abri est tout
trouvé : ne plus répondre, sauf en délivrant des codes aux proches ou à
ceux dont on peut lire la présentation complète. Il y a bien un petit inconvénient :
la communication entre citoyens, surtout allergiques justement à la pub obsédante
et immonde — donc qui se mettent les uns en liste rouge et numéro secret, les
autres en refus d'appels anonymes —, n'en est pas améliorée. La lutte contre le
totalitarisme déjà dit en va-t-elle mieux ?
C'est
relativement peu de chose, et il est vrai qu'il y a bien pire même seulement en
affaires de pub — ou de téléphone portable, aux tarifs honteux —.
Est-ce une consolation ?
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