Ils sont
nombreux à souhaiter qu'on confonde intellectuels et intelligents. Or ce n'est
en rien un signe qui importe, de ne pas se salir les mains ; ce n'est nullement
un mérite, d'avoir eu des parents à même de payer des études ; et c'est
humainement nul, d'être simplement universitaire, comme d'autres sont propriétaires
— parce que des remous absurdes d'histoire et d'actualité vous ont poussé là,
souvent avec un lot de compromissions ou tricheries —.
Ils sont organisés en corps de pouvoirs — en
France par exemple X, ENA, ENS, et autres moindres, ou mandarins de
"droit", de droite —. Parce qu'ils ont réussi à vingt ou trente ans à
décrocher un titre ou un concours, aux programmes et préparations pervers ou
franchement crapuleux, ils voudraient être à vie les seuls à représenter non seulement la compétence,
mais l'intelligence. Certes, vu comme on gère les bibliothèques auxquelles
ils ont seuls accès, on peut
imaginer qu'ils se targuent de monopoles de cette "compétence"...
Ainsi Maurice Allais, aujourd'hui prix Nobel d'économie,
faisait marquer dans une école d'application certains livres du signe "lambda", pour les faire réserver aux ingénieurs "du
corps", et les interdire aux ingénieurs "civils". On pourrait
citer mille tels traits du personnage et de ses pairs. Après quoi un François
Ruffin bée devant...
Ainsi de même : un physicien envoie à une famosité
normalienne, supposée communiste en plus, un texte très fouillé sur un article à
juste titre célèbre. La famosité ne répond pas, évidemment — l'auteur de
l'envoi n'étant nullement normalien —. Mais elle met en piste une thésarde, qui
reprend le texte proposé, le complète par des sornettes (par exemple : au
lieu d'une date donnée par l'année, elle précise le mois et le jour, ce que rend facile l'accès à une bibliothèque de
richesse aussi énorme qu'accaparée, mais qui n'a aucun intérêt) ; puis elle le publie, avec son nom en tête,
suivi de celui de sa thésarde. Celle-ci entame ainsi à son tour une carrière
"brillante" : car on
compte les publications, signe objectif entre tous, pour
"juger" de la valeur des gens, et comme on contrôle les revues, on
peut d'une main censurer indéfiniment un auteur et de l'autre se plaindre de sa
stérilité complète...
Ainsi encore : il est atroce de voir comment ont été
dispersées ou "redistribuées" les plus belles bibliothèques de France,
part considérable de mémoire de notre espèce...
Etc. ad infinitum.
Par
de tels accaparements de savoir, l'ignoble se répand et se contagionne. Pour en
rester toujours à la présente prétendue République (mais c'est pareil aux
Cambridge des deux côtés de l'Atlantique, à Princeton ou à Oxford, et partout
ailleurs), les universitaires qui veulent un poste sont stylés à respecter de
telles corruptions tout comme les commerçants, artisans ou autres petits
parasites sont stylés à respecter les plus gros propriétaires et à se
prosterner devant les grandes fortunes, c'est-à-dire les plus grands crimes. C'est peut-être plus visible en lettres, avec
aujourd'hui des vices puants allant de l'incroyable nullité de l'Académie Française
aux journaleux de la honte : mais depuis que l'Académie des sciences est
sous la coupe d'administrateurs, sans œuvre ni culture mais au service des
"industriels", cela passe partout en structures — et par tant de pestes intermédiaires,
si lourdement dans l'histoire, que cela vaut la peine de soulever quelques
couvercles de ces poubelles. On va donc remonter à l'éducation ou prétendue
telle : à la reproduction de ces dévoiements de génération en génération.
1. Plus particulièrement dans notre hexagone donc, le
plus ancien moyen de sélection des enfants, de façon que ceux des riches aient
pratiquement toutes les chances de se succéder aux postes de commande et de
confort, c'est bien sûr la langue. Sous prétexte d'enseigner le français, on
style et on formate : éventuellement au latin et au grec, mais surtout ("lettres
modernes") au genre d'écriture des journaux de concours général, "le
Monde" vaticanesque, ou "le Figaro" plus accessible aux
petits-commerçants et semblables niveaux d'inculture.
Ensuite, le second poste-filtre de police et douane
dressé contre les nouveaux venus en écoles, qui ne doivent à aucun prix être cultivés, ce sont les mathématiques (cf. ici le texte de ce
mois-ci, Fond 8). Cela commence
très tôt : on élimine des pans entiers de ceux qui pourraient s'instruire,
par des programmes d'abêtissement et d'inversion mentale (en particulier en évitant
tout contact à des réalités physiques, et en insistant lourdement au contraire sur des problèmes commerciaux à
"bénéfices"). Voici deux générations, on alla jusqu'à l'affaire des
"maths modernes", cette préciosité langagière honteuse des mathématiques,
en large part issue du crime bourbakiste, qui encombrait de mots et
interdisait les images fondamentales pour l'apprentissage, surtout au départ : mais le résultat fut tel
que l'on vit presque disparaître des ingénieurs capables de quelque utilité en
production industrielle, et il a fallu une reconversion déchirante. On a donc plus
subtilement mis en place des "classes européennes" où il faut un
solide arrière-plan familial (souvent des cours particuliers) pour suivre un rythme plus que rapide dans
plusieurs disciplines en même temps, et on sélectionne à la fois
– par un investissement cérébral qui n'est pas
souvent compatible avec l'âge, surtout sans milieu-bouillon de culture
– et par des professeurs (je n'écris pas :
des enseignants) qui, dressés
aussi bien par les programmes que par le flicage des inspecteurs, ne s'intéressent
qu'à ceux qu'on sait destinés à suivre les études longues — en priorité
desquelles bien sûr les "prépas", les préparations aux "Grandes
Ecoles", X etc. cf. supra.
Voici
peu d'années, au temps des Terminales "C", le système produisait cinq
(5) élèves de ces Terminales pour cent (100) entrés en maternelle : du
cinq pour cent donc, de gens capables de suivre en même temps techniquement et
culturellement une part assez large de l'évolution de leur siècle. C'est plus
compliqué aujourd'hui, où on donne le bac à 80% des élèves, avec pour horizon des échecs et égarements
d'abord au niveau universitaire et plus tard dans la recherche d'un emploi.
Mais surtout, un baccalauréat aujourd'hui ne vaut pas en savoir un
certificat d'études accordé voici trois générations : combien de fois n'ai-je vu, malgré mes
cours bénévoles du samedi depuis un demi siècle, des gamins et des jeunes inaptes
à calculer de simples additions d'épicerie ou, incapables des quatre opérations
et de leur sens commun,
appelant leurs parents au secours pour commander et payer les victuailles de
leurs noces ! Par contre, tout le monde désormais sait s'abrutir devant un
écran d'ordinateur : et c'est tout ce que demandent les gestionnaires de dévoiements
sociaux capitalistes intitulés "entreprises"...
2. On devine, ou on sait, ou on peut bien voir, ce que
cela devient chez ceux qui sont censés faire évoluer la culture, spécialement
"intellectuels" et universitaires : c'est ce que nous allons à
présent passer en revue.
Le principe en est aussi simple et clair que
son application est universelle : pour être admis en "compétence",
il faut accepter le système et ses "équipes" de "haut
niveau" ; sinon, on n'a pas de poste — c'est-à-dire de moyens de gagner
sa vie en tant qu'enseignant et chercheur, au sens universel dans l'histoire —.
En France, ç'a été renforcé de façon plus spécialement infâme par la LRU de
l'insuffisant mental Sarkozy, qui en était particulièrement "fier"
(en fait il était surtout satisfait de sa revanche sur une institution qui, même
dévoyée, n'a pu décemment lui accorder un titre supposant quelque capacité
d'apprentissage culturel : et ça vous a supprimé l'histoire en Terminales scientifiques) ! Mais il y a un contexte mondial : dont
l'ordure, macérée dans son jus de poubelle et déversée depuis les centres
financiers anglo-saxons, de la "Commission Européenne". Lisez :
« Le
temps où, traditionnellement, les savoirs acquis dans l'espace académique
constituaient un patrimoine ouvert, mis à la disposition de tous, appartient au
passé. Dans le champ des connaissances, production rime aujourd'hui avec
protection et exploitation »...
NON ! C'est la "Commission Européenne",
auteur de ces lignes, qui "appartient au passé" d'ignarisme et d'obscurantisme de notre espèce,
et qui s'imagine qu'elle pourra y faire revenir à son gré. Les savoirs ne
seront jamais confinés, ni à
"l'espace académique",
ni aux intellectuels et putains mentales de la trahison anti-humaine. Il n'y a
pas de simple "champ des connaissances", mais une nécessité impérieuse d'opérer la
synthèse de celles-ci au service des gens, parce que c'est un des nœuds de l'aventure de notre espèce. Malgré les maffinanciers
au pouvoir, la "production"
des vraies richesses aura toujours la source de ses flamboiements dans l'élaboration
de la science CONTRE la "protection" de la propriété financière par les "brevets industriels"
du crime capitaliste, et contre "l'exploitation" par des artistes du vice et du dévoiement
politiques. "Le temps"
qui compte, ce n'est pas simplement le "traditionnellement", mais l'élan humain, indissolublement démocratique
et scientifique : le temps qui compte est celui où les humains éprouveront
toujours plus fort leur identité et leurs capacités à apprendre et savoir malgré
les obscurantismes et leurs massacres. Ce temps-là ne risque pas de jamais
"appartenir au passé",
il est tout l'avenir, sauf si l'humanité entière est éliminée par les fous et
pervers qui prétendent gouverner et ne savent que détruire : car le goût
de comprendre comme celui d'aimer, ce besoin et cette reconnaissance de l'enrichissement
par l'autre et le semblable, sont inscrits dans les chromosomes de notre espèce. Ce ne sont pas les "réformes" et la
"modernité" des financiers "européens", sarkozystes ou
autres — ni leurs universitaires — qui vont changer le fond humain de notre espèce
et la faire revenir à l'animalité complète.
Ce sont les mots de Galilée :
et c'est pour cela qu'il a été torturé et menacé
de mort sur le bûcher, contrairement aux légendes sur les mouvements de la
terre et du Soleil répandues perfidement par l'Eglise et les ignares, ou les
intéressés à faire du théologien Hegel un maître de philosophie — alors que
Hegel a détruit sur le plan philosophique l'élan
expérimental, éclairé par Galilée d'abord, plus globalement ensuite par Diderot
et son Encyclopédie.
Ce
n'est pas sur des dialectiques, mais sur la physique et ses inimaginables succès (toute la mécanique
d'abord, puis la thermodynamique, et donc les premières machines à moteur, puis l'optique, le microscope et l'extension énorme
du monde notamment du vivant, puis l'électricité et les électroniques
rebouleversant la chimie, la médecine et les industries — une paille !) que
se sont appuyées les révolutions,
des mentalités comme des moyens de production ou de soins, dans les potentialités
de l'humain. Même les explorations et les observations de la géologie et de la
paléontologie sont inimaginables sans les possibilités ouvertes aux voyages et
aux analyses par les constructions dues aussi bien aux résultats des sciences, chimiques ou cristallographiques
entre autres, qu'aux méthodes
d'observation venues de l'entraînement galiléen sur les pierres des architectures
ou sur les étoiles. Toutes les techniques ont été mille fois enrichies à partir
de Galilée, Newton, Watt, Cavendish, Gauss, Faraday — et ainsi Darwin est
impensable sans Galilée puis l'éveil géologique et paléontologique, puis
biologique, venu par tant de Leeuwenhoek et des observations avec des principes
et instruments révolutionnaires. Or
c'est cela qu'a voulu faire oublier la convergence effroyable des théologiens
classiques et des bureaucrates dialecticiens, derrière la physique
"moderne" vue par Niels Bohr et ses comparses.
Ce sont en particulier les bourses distribuées par
Bohr, fils de banquier et mystique plus ou moins kierkegaardien (si toutefois
Bohr a jamais lu sérieusement quelqu'un d'autre que lui-même), qui ont trié
les physiciens protestant de refus
des dictatures mais en fait asservis aux Etats "forts" — surtout les
vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale et spécialement les patrons anglo-saxons.
C'est
par ces gens que sont passés les dévoiements en tenaille
– de techniques d'automatisation et facilités
de production retournées en création de chômage, d'un côté
– et de l'autre côté, de l'entretien des délires
de pensée "magique" avec la "résolution" des énigmes quantiques
par la parapsychologie de la "mesure" (ce serait l'observateur qui créerait
le résultat) !
Comment
peut-on ne pas voir l'accueil, que
ne pouvaient manquer de faire les théologiens classiques et les vendeurs
d'horoscope ou de contes parapsy, aussi bien que les avides de pouvoir à
priorité dialectique, à de telles illusions revenues des temps des cavernes ? comment peut-on oublier les enthousiasmes des
"industriels" d'Outre-Atlantique sur l'élimination de la classe ouvrière
par des robots jamais en grève, enthousiasmes publiés dans la revue Fortune des années tout de suite après 1945, au moment où
les ouvriers blancs et noirs se révoltaient, d'avoir été employés à se
faire tuer sauvagement aux fronts pour ensuite retourner à l'exploitation aussi
sauvage ? comment peut-on ne pas saisir que les deux aspects
– aussi bien la
férocité dans l'industrie, vidée d'employés et largement dévoyée en armements
pour répandre partout dans le monde le chômage, la misère et la guerre
– que l'occasion
de brandir une "science moderne" (en fait, les pseudo-théories et techniques
vicieuses médiatisées partout par les financiers) permettant de "redonner
sa place" à "la foi" (en fait, à tous les aveuglements, à tous
les fanatismes, et donc à toutes les manipulations)
ont
été exploités à fond par les plus barbares au pouvoir, tandis que les
baratineurs pérennes de l'économanie pseudo-matérialiste s'entêtaient dans
leurs clichés de plus en plus irréels ?
C'est
se répéter, soit, cf.
Mais
comment pourrait-on éviter de redire le savoir auquel on a voué sa vie, lorsqu'un
bâillon sur la bouche vous a interdit de le diffuser durant plus d'un demi-siècle ?
L'assassinat de la physique a porté les coups les plus rudes à tout ce qu'ont
représenté des gens comme Galilée et Einstein, c'est-à-dire la capacité à éduquer les êtres et les peuples à une
vision scientifique, éclairée, universellement humaine du monde et de
l'histoire, à travers la compréhension de la priorité des évidences cosmiques
sur les sentiments et les catéchismes. Or si on s'avise aujourd'hui en France de le redémontrer, si on veut
publier ce qui est passé à travers Riemann, Einstein puis Eddington, de Broglie
ou Hermann Weyl, le "ccsd" ("centre de communication scientifique
directe", antiphrase du CNRS, contrôlé par des intégristes de l'Eglise
catholique !) censure le texte ! et ce sont des syndicalistes qui vous donnent des leçons sur ce qu'il est convenable ou non de
publier, sur le thème que "le système est ce qu'il est" (vraiment ?) et que "bien
entendu, si on en rajoute une couche sur la contestation" on est soi-même
coupable, puisqu'on ne s'est
pas autocensuré !
Qui mesurera jamais ce que la réaction
politique doit, à l'organisation de l'obscurantisme religieux classique d'un côté,
à son écho dialectique de l'autre, dans les déchéances d'un siècle de
totalitarismes, à partir du meurtre de la mémoire des siècles pour tout ce qui
est de la découverte de l'univers, de ses incidences philosophiques et de ses
leçons universelles de méthode pour la pensée ?
2. 2. Mathématiques, avec s.
Les pourris de la bourbachique, prétendant
trouver dans l'esprit pur la source unique des mathématiques, ont voulu leur arracher ce pluriel.
Dieudonné le jésuite et Cartan le stalinien (reconverti en fin de parcours,
comme tant d'autres : Dieudonné au contraire a été de plus en plus carrément
"fidèle" à ses origines) ont dictaté l'enseignement et la recherche
d'abord en France : mais la réaction se déchaînait partout sur la planète.
J'ai dit cent fois (cf. en particulier ici Fond 8 de ce mois-ci, encore, mais plus largement ce que j'ai pu rédiger toute
ma vie) ce qu'a été ce crime contre l'humanité, et comment le contrôle plus
particulièrement normalien (ENS) de cette "normalisation" a fait bien
plus de mal que tous les étranglements des printemps de Prague ou du Caire :
– le pédantisme et l'abstractionnisme — les
tics topologiques et linéaires, des EVT par exemple si chers à des Dieudonné et
Grothendieck —
– leurs façons d'enfermer dans de fausses synthèses
seulement branchées sur certaines lignes des intuitions acquises au lieu de laisser la pensée se renouveler globalement
et toujours à l'émerveillement du
monde
– les présentations comme les outils de la mécanique
prétendue quantique comme les obsessions algébriques et analytiques systématisées
en enseignement pour formater à une mentalité au lieu de désigner l'univers
bref
la sélection de viciés en physique de Copenhague ou en mathématiques de Bourbaki,
c'est trop évidemment la même chose pour que j'y insiste encore.
2. 3. "Sciences humaines".
Pendant surtout les derniers vingt et quelques
siècles, on a su ou deviné beaucoup de l'essentiel humain. On a su le recours
que représentait le sens de la cohérence, souvent appelé raison, contre les
bouffées d'animalité. On a deviné, en élargissant le sens des mots relatifs à
"humain", l'importance des capacités à l'empathie, ce sens ou
sentiment commun si fort qu'il rend surtout intolérable la souffrance de
l'autre, et souvent fait se réjouir de son juste bonheur. Mais d'un côté les
tenants de la rigueur, ou de la science, ou de la raison, et de l'autre ceux
qui criaient les urgences du sens ou sentiment commun, de l'empathie, ne parvenaient
pas toujours à se comprendre. Plus triste encore, parfois dans le même être
(Einstein par exemple ; mais aussi Marx hélas, se faisant une obligation
stupide d'écarter les références à la morale en présentant le plus haut de sa
synthèse), il arrivait souvent qu'on plaçait en domaines et actions séparés la science et la morale — tout en les ressentant
comme des poussées intimes, parfois des devoirs, semblables —. Or le
bouleversement éthologique, c'est avant tout, sur le plan intellectuel, la démonstration
définitive de l'ampleur de l'identité humaine, dans ses aspects "d'humanité"
au sens de généreuse empathie et
dans ses aspects tout aussi humains de cohérence, de science, de raison éclairée : en heureuse synthèse,
de rigueur, d'expérience et de passion — contre toutes les faussetés sur le thème que "le cœur
a ses raisons que la raison ne connaît pas".
Alors, par exemple, un crétin universitaire, se
réclamant justement de Pascal et de spiritualisme, a décidé à lui tout seul que
l'agressivité des éthologistes (appellation erronée, mais moteur de comportement le plus énorme et très indéniable)
n'existait pas. Il a été brandi, par d'autres imbéciles de sociologie, comme
preuve que "tout cela est très discuté", comme si c'était
discutable : comme si tout au long des sciences et de l'histoire, les évidences
les plus incontestables n'avaient pas été écartées par les abrutis et aveugles
de "foi". L'argumentation de ce crétin mérite un détour. Car ce
pascalien et spiritualiste découvre tout à coup le matérialisme pour affirmer qu'il
y a des hormones typiques de la sexualité, et rien de tel en affaires
d'agressivité :
"donc" celle-ci n'existerait pas dans le comportement humain !
On pourrait emmener ce digne professeur sur un stade de fotbal ou lui faire
visiter l'histoire politique, dont les guerres : mais sans doute tout cela
lui paraît-il simple expression de la volonté de "dieu", comme ces
gens aiment si souvent à dire au lieu de pouvoir(s). Je propose plutôt ici à
ceux pour qui les enfants représentent de grandes choses, dont l'avenir, de
songer au test suivant, que beaucoup d'entre nous ont pratiqué ou vu pratiquer
dans des circonstances fort émouvantes.
On place un petit humain qui vient de naître,
en le soutenant soigneusement, de façon que ses pieds touchent une surface
(douce et point froide) horizontale. Et le petit humain fait mine de se
carapater : il "veut" marcher déjà. Je demande alors où est
l'hormone du carapatage, ô crétin universitaire !
Une part considérable de ce blog-ci étant
consacré à la défense et illustration de l'éthologie, je n'en dis pas plus ici.
J'ajoute seulement ceci.
Le professeur Bourdieu s'est réclamé lui aussi
de pascalianisme plutôt que de marxisme (il y aura toujours des gens pour
choisir entre la peste et le choléra). Mais il explique, lui, les constructions
d'inconscient en déclarant que c'est une question... d'habitus dans la doxa. Eh ? C'est-y pas que des mots comme ça vous posent un homme ?
De mauvais esprits y verront une nouvelle manifestation du nominalisme idiot
qui a peuplé le Moyen-Age de vertus dormitives pour expliquer les effets de
l'opium,
Mihi
a docto doctore // domandatur causam et rationem quare // opium
facit dormire. // A quoi respondeo // quia est in eo // virtus
dormitiva // cujus
est natura // sensus assoupire — c'est dans "le
Malade imaginaire", la parodie finale —
bref
Molière se moquait déjà de Bourdieu...
Si
l'on reste un peu sérieux sur des sujets si essentiels, il faut comprendre comment évoluent les préprogrammes inscrits dans nos chromosomes pour devenir des programmes complets, largement inconscients dès leurs
constructions mais aussi dans leurs résultats. Cette élaboration lente et fort
peu maîtrisée se passe tout au long de la vie dans chaque être humain : c'est
le cas pour la marche à partir du carapatage après formation d'un sens affiné de
la verticale, c'est le cas pour le sourire (universal humain essentiel) et son
usage social par exemple dans la séduction, c'est le cas pour les goûts de
contacts à partir des réflexes de succion de mammifère puis de préhension, puis
c'est le cas pour tout ce qui donne enfin l'épanouissement ou au contraire l'avortement
en fanatisme et barbarie de domination, en somme tout l'inconscient que
Darwin, Freud et enfin, last but not least, Lorenz éclairent comme on n'a pas
osé le rêver depuis la
terrible aube humaine — et tout
cela, aux yeux des crétins
universitaires, de Marx même (avec des excuses) puis de Bourdieu et ses
suiveurs (sans pardon), c'est de l'habitus dans la doxa ou ça
n'existe pas !
Ainsi, pourvu qu'on compte sur Kant ou sur
d'autres nuls pour "fonder l'anthropologie", et qu'on souscrit aux
conneries de péché que le savoir — ici éthologique — est fruit défendu sur
l'arbre de la connaissance, la voie est libre pour la carrière universitaire
"brillante" déjà si souvent rencontrée ci-dessus. L'Eglise ne s'y
opposera pas : qu'en pensez-vous ?
2. 4. Philosophie.
Il n'est d'autre philosophie que la
connaissance de l'expérience et de l'histoire, toujours mieux saisie en savoir
et synthèse. Cela plonge ses
racines au moins dès Thalès, Thucydide et Archimède ; cela recommence à
Galilée et Diderot ; ce fut assassiné une nouvelle fois par Hegel après
l'Ecole aristotélicienne ; cela ne peut que renaître et se développer aussi
longtemps que l'humanité vivra. C'est ce qu'ont en horreur tous les
pouvoirs, et que tous les théologiens et dialecticiens s'efforcent aujourd'hui
comme toujours d'étouffer. Bref c'est
ce que les enseignements officiels interdisent le plus férocement de voir, quitte
à laisser passer assez tôt, mais sous des formes étriquées en vue des
techniques, un peu de leçons sur
la Terre et le soleil, les astres et les choses.
C'est ainsi qu'au lieu de la saine philosophie, sens et goût du savoir, on n'enseigne vicieusement, partout dans les
Etats-pouvoirs du monde, que le sens et le goût du pouvoir, la cratophilie. C'est ainsi que la plus grande trahison des
universitaires et tous faux intellectuels est de baptiser philosophie ce qui dégoûte
le peuple à force de verbiages, en prétendant qu'ainsi seulement on peut accéder
aux affaires les plus gravement humaines.
Mais d'abord ce blog doit bientôt recevoir le
schéma d'ensemble des mensonges agréables aux pouvoirs, notamment les fausses
philosophies ou cratophilies, ensuite
même un lecteur endurant doit trouver que ces pages commencent à être
longues : donc on promet pour le plus tôt possible une histoire générale
des religions — monothéistes et
autres classiques, aussi bien que dialectiques et "existentialistes"
— mais sur les "intellectuels"on va ici conclure.
Il ne
faut jamais dire "les", mais "des", intellectuels en
particulier, d'accord. Seulement quand ils sont placés comme énormément
majoritaires dans les possibilités de diffusions, on a le droit de dire sa colère
et d'inciter à la révolte contre de tels "experts", "spécialistes"
et "compétents". Quand
on en est à voir se présenter comme économistes de vulgaires gérants de
capital, ou comme historiens des sciences des fervents de Koyré sur Galilée
(c'est de même niveau), il est clair qu'on ne remettra pas ces tarés à leur
place sans les explosions qu'ils auront rendues inévitables : et nous
venons de voir qu'il en est ainsi partout, et spécialement où c'est le plus
nauséabond. Il faut donc démontrer et faire savoir, aussi largement qu'on le peut,
que l'écrasante majorité parmi les intellectuels de ce temps, et bien plus
encore parmi ceux à qui on laisse des moyens de se faire entendre, censurent les évidences historiques et scientifiques qui rendraient les plus
grands services au progrès humain, aux gens, aux foules opprimées. Il faut voir
et faire voir le plus considérable de ce qui concerne aussi bien les mensonges éhontés
des media que les programmes édictés par les ministères ou ce que représentent
des médaillés et primés de jurys institués par des pouvoirs :
jamais
dans l'histoire des tribunes aussi puissantes n'ont été aussi rigoureusement déviées
de façon que ceux, qui se sont voués à la diffusion auprès des citoyens du démocratiquement
vital des connaissances, se voient interdire ces tribunes,
et partout, ce sont la réaction politique et ses
obscurantismes qui dégoisent,
dans les trahisons universitaires autant que
dans les haut-parleurs des media ;
tant qu'enfin cette inertie fait, de presque
tous les intellectuels de notre temps,
sur le plan culturel : des ignares,
sur le plan mental : des imbéciles,
et sur le plan moral : des lâches.
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