Tome I : Moteurs
Il n'y a
pas si long à dire, pour ceux qui cherchent encore à savoir. Alors quelques
mots d'abord, à beaucoup d'amis.
Ce qui suit ne leur fera guère plaisir, qu'ils
soient d'imprégnation chrétienne, musulmane, ou marxiste — sauf s'ils sont déjà
largement sortis de toutes les illusions : à ceux-là des déclarations
franches, de ce qu'ils n'osent pas toujours penser, paraîtront finalement encourageantes
et apaisantes —. Je parlerai peu dans ce premier texte d'amis bouddhisants,
avec lesquels dans ces pays-ci on peut moins se gêner, et qui doivent avoir
deviné chez moi de longue date ce que j'éclaire fermement dans ces pages ;
et si j'ai de toutes façons peu d'accointances avec le brahmanisme ou les
religions africaines, je suis assez triste, depuis des décennies, de voir
l'Inde resombrer davantage dans l'horreur des castes et les massacres manipulés
en Afrique, pour préférer d'abord ne guère en parler. Enfin il ne me reste
d'amis juifs que ceux qui sont restés fidèles à la longue et magnifique
tradition de civilisation universelle, hostile à quelque croyance de racontars que
ce soit surtout si elle est dogmatique : détachés de toute religion, nous
ne sommes plus juifs que pour les racistes — nazis et sionistes par exemple —,
et nous accompagnons volontiers les haussements d'épaules d'un Shlomo Sand sur
un soi-disant "peuple juif".
Ceci posé, je sais bien qu'il existe beaucoup
de chrétiens "assouplis", comme me disait l'un d'entre eux avec un
vrai bon sourire : je n'ai pas osé lui répondre tout de suite que s'il y
en avait tant, c'est davantage grâce aux laïques qu'aux papes et à leur Eglise.
Alors, à celui-là comme à bien d'autres, je dis à présent :
« je
comprends que chatouiller les affaires religieuses par science et connaissance d'histoire
oblige à faire vibrer comme un harpon planté dans les chairs par les catéchismes,
et je me doute sans mal que ça ne peut pas vous être agréable. Mais s'il
fallait s'arrêter à cette sensibilité, il faudrait aussi s'encombrer de précautions
terriblement nuisibles à long terme, au lieu de rappeler que chaque grand résultat
scientifique, chaque nouvelle grande découverte dans l'histoire, atteste la
fausseté des contes et légendes auxquels vous croyants avez été attachés, et
illumine les sinistres procédés par lesquels on les a ancrés dans des foules
malheureuses et innocentes. Si je rappelle ici le plus fort, que beaucoup
savent plus ou moins nettement, ce n'est certes pas pour vous blesser, mais en
fin de compte pour faciliter la vie de tous, en particulier des plus opprimés (souvent
par des brutes de leur propre monde autant que par d'autres ennemis) : et
je pense bien sûr à nos sœurs et frères d'imprégnation musulmane, qui sont
souvent — ne soyez pas jaloux — aussi chouettes que vous. »
En tout et en bref, il y a quelque chose qui mérite
d'être déclaré haut et fort, qui est du plus haut des valeurs humaines, dans le
passé déjà, encore dans le présent, et qui resplendira toujours davantage dans
l'avenir : c'est la vérité,
non pas ce que certains
admettent sous ce nom (des "révélations" qui historiquement n'ont été
que des mensonges et prétextes à asservir), mais ce qui se fonde sur l'acquis expérimental potentiellement reconnu par tous les humains. A travers cette suprême valeur, les lignes qui
suivent sont dédiées aux gens, dans leur immense majorité, en particulier cette majorité que peu de gens acceptent
de penser et qui devrait compter plus que tout : les enfants, déjà présents
ou à venir. Quand on place au plus haut le mieux-vivre de ceux qui seront un
jour enfin sortis des cultures de haines et de guerres — si souvent religieuses
et, plus souvent encore, encouragées religieusement derrière des paravents infâmes
d'hypocrisie —, il y a bien autre chose à faire que de ménager des
susceptibilités trop actuelles et provisoires.
Ce devrait être tout pour donner le ton nécessaire.
Mais nul ne vit hors de son temps, et il y a de par le monde aujourd'hui, d'un
côté, une religion dont les institutions sont plus évidemment criminelles et
oppressives sur les pauvres, c'est la chrétienne à travers en particulier
l'OTAN ; et de l'autre côté, une religion qui certes est fort utile pour écraser
les plus misérables par ses caractères entretenus d'arriérisme, enfermé en
traditions aberrantes (comme le wahhabisme allié de l'OTAN), mais qu'il est infâme
d'insulter et d'utiliser comme prétexte au racisme. Car beaucoup de ses adeptes
ont grandement aidé à abattre en son temps le nazisme, en particulier en pointe
de troupes françaises (voyez ou revoyez le film Indigènes), et encore beaucoup ont grandement aidé à
reconstruire une Europe en ruines, à des salaires de honte. On en redira deux
mots. Mais dès ici, je dois déclarer que je connais bien les viles crapules qui,
par une inversion mentale très typique de la droite la plus réactionnaire et la
plus pourrie, vous accusent aisément de vous ranger à un courant dominant
d'islamophilie si on tient un peu
compte de la dette, en particulier européenne, aux soldats et travailleurs
venus des pays d'islam, comme si les tornades d'islamophobie n'existaient
pas. Je leur réserverai dès que
possible l'expression sans ambiguïté de mes sentiments : mais je veux dire
tout de suite ici que je n'aime pas l'islam plus que n'importe quelle religion,
et bien des arguments ci-dessous s'appliquent clairement à ses dogmatiques. Je
n'en cacherai rien, mais je respecte partout, et plus spécialement chez ceux
que les barbaries de l'histoire oppriment plus que les autres, la recherche
d'une fraternité : or je ne
sais que trop comment cette recherche se produit d'abord parmi ceux qui sont
proches, ou dont les apparences les plus directes vous ressemblent, ce qui hélas
si souvent aboutit à des haines aveugles contre des frères autrement éduqués,
au lieu de la juste colère contre les monstres accapareurs, d'où qu'ils soient
ou viennent. C'est pour cela, et seulement pour cela, que je charge l'exemple
chrétien. Il fallait que ce soit écrit — ça n'empêchera rien des vomissures de
fiel des papistes intégristes, mais ç'aura été au moins explicité.
Titre I :
la construction sectaire
A partir
de là, il faut voir qu'une orthodoxie :
1. se fonde sur des faussetés puis se bâtit sur bien des mensonges, et
2. survit de censure, par des violences.
1. Les faussetés et tissus de contradictions de "la" bible — par
exemple, donc — ont de toujours traumatisé bien des cœurs sincères, lorsqu'instruits
de vie et de connaissance ils les ont reconnus après les apprentissages
contraints de l'enfance. Si la recherche véritable, historique, ne peut encore éclairer
suffisamment ces faussetés et leurs élaborations mensongères, c'est parce que
tous les monothéismes oublient leurs haines lorsqu'il s'agit de défendre des
bases largement communes, et qu'ils ont une longue expérience de la
manipulation des foules : toujours en guerre les uns contre les autres
tant qu'il s'agit de défendre leurs clergés respectifs, ils savent, évidemment,
se réunir et rameuter très largement contre la vérité dès qu'elle se fait jour. Mais
– les ridicules et les crimes qui ont banni,
aussi longtemps qu'ils l'ont pu, des choses pourtant désormais aussi éclairées que
les mouvements relatifs, de la Terre et des astres entre autres, puis les bases
de la géologie, puis celles de la biologie, puis celles de la psychologie et
enfin les forces principales de notre histoire (et cela dure et perdure)
– les assassinats d'enseignants et pédagogues,
non seulement des enfants (surtout des filles), mais de l'humanité entière
– les férocités qui ont cherché et cherchent encore
à maintenir les absurdités désormais patentes d'une soi-disant "création"
– les contorsions risibles qui disent tout
admettre mais comme "sans importance" au regard de "la foi",
voire qui répètent les maladies mentales de "credo quia absurdum"
de
telles masses de faits ne peuvent être ignorées que par ceux qui ont abdiqué une
fois pour toutes le plus humain d'eux-mêmes, le plus éloigné de l'animalité : la recherche
d'une connaissance assez large et, sur cette connaissance, l'usage assez honnête
de la raison. Ainsi, il est
fascinant seulement si on le veut bien, que des affirmations aussi hautaines qu'absurdes, et indéfiniment
interprétables par des théologiens qui ne tombent jamais d'accord entre eux,
osent se confronter aux données
offertes à tous les humains par la science et les documents les mieux établis
de l'histoire : c'est seulement si on entre dans le jeu des mensonges (la relecture obsessionnelle de textes "sacrés"
et de leurs vanités par exemple) qu'il est possible d'ergoter sans fin sur ce
qui ne veut rien dire, alors qu'on dispose de réalités avérées et
reconnaissables par tous. Les
traditions religieuses, la catholique comme toute autre, ne pèsent rien de vrai
contre les évidences : mais par exemple on raconte encore que Galilée a été
persécuté pour des affaires de mouvements célestes, alors que tous devraient
savoir et comprendre que c'est
pour son appel à l'expérience, contre "la" bible et l'Ecole
(aristotélicienne), qu'il a été
pris pour cible par l'Inquisition de Rome. Certes il est, en un sens,
satisfaisant que l'institution la plus criminelle, la plus sanguinaire et la
plus sanglante de l'histoire ait aussi commis le plus grand crime contre
l'activité de l'esprit (le seul, l'humain) : les prêtres, déjà grandement coupables
des génocides notamment américains et africains (mais aussi "Croisés",
dont celui contre les Albigeois, par exemple) se sont pareillement déchaînés contre le titan qui ouvrait à la raison,
plus large que jamais, les champs illimités de la connaissance. Car c'est
surtout Galilée (avec les
meilleurs esprits de son temps) qui a bouleversé l'accès aux domaines de
l'esprit par des méthodes et des instruments dont l'humanité n'avait même pas rêvé :
c'est surtout par lui que sont venus les moyens de comprendre, en physique, en mécanique, en optique et bientôt
donc en biologie, pour l'analyse de la vie ou des montagnes comme pour les révolutions
des industries, un jour enfin pour l'âme dont tant parlent et que si peu
admettent de connaître dans ses merveilles et ses dangers. Mais les avides d'un
pouvoir très immédiat en ce
monde (contrairement à leurs insistantes
tartuferies) ont été terrifiés à l'idée de le perdre, voyant enfin donner à l'humanité les moyens de sortir des
monstrueuses indifférences de la nature. Tout fut donc fait, et l'est encore,
pour empêcher que l'attention ne se tourne vers l'essentiel, à savoir la vue
nouvelle des pouvoirs réels de l'esprit, la révolution galiléenne, et pour perpétuer au contraire l'entretien des
racontars bibliques et par là le malheur des gens.
2. Il faut saisir ainsi par quels procédés les faussetés, après avoir été fondées, ont été maintenues, et pourquoi ces procédés sont si nécessaires aux
potentats, d'abord religieux : car on ne peut imposer de faussetés, base
d'un pouvoir, sans extrême violence, mais il importe évidemment que cela n'apparaisse pas trop clairement.
Alors si l'expérience de pouvoir est assez longue, on enveloppe le
"droit" de tuer le vrai, de tuer ceux qui prennent son parti, dans des juridismes et des vocabulaires de
"blasphème", on va hurlant que c'est "offenser dieu même" que
de montrer la sottise et les mensonges des "docteurs" d'Eglise ou
autres "sacrés" : comme c'est commode pour les menteurs ! S'il
fallait, à ceux qui veulent réellement savoir et comprendre, une preuve plus éclatante
que toutes les autres de ce que vaut une telle religion d'"amour", ne
serait-ce pas cette démarche, qui avoue n'avoir d'autre recours final,
contre le refus d'avaler des idioties, que la torture et le meurtre ?
C'est bien ainsi qu'on a imposé les premières
guerres mondiales, celle (très tôt
active, mais d'abord peu organisée militairement) de la papauté contre tous les
peuples de la Terre, comme celle de la conquête mahométane. En particulier la guerre
catholique, notamment dans ses déclarations d'Inquisition puis plus nettement encore
avec les Croisades, usait certes des leçons tirées des ennemis "arabes" :
mais au fond un des deux moteurs
de sa systématisation était la rage d'expansion furieuse, héritée de
l'Empire romain. C'est cela qui a été
réactualisé par Jean-Paul II, avec l'appui plein et entier de Reagan et de la
CIA, sous le nom de "nouvelle évangélisation" ; c'est cela qui a
permis de susciter et manipuler des fanatiques d'égale folie mais d'élaboration
hypocrite bien plus primitive, en faisant malignement renaître en face le
"djihad" :
trop peu de gens acceptent de prendre
connaissance de l'histoire,
en particulier de ceci, que le renouveau récent
de guerres "saintes" a commencé
par l'alliance de "l'Occident" avec l'islam le plus immobilisé dans la barbarie,
le wahhabbisme saoudien,
contre les tentatives laïques et émancipatrices en particulier de Nasser.
Plus
anciennement c'était passé, dès la fin de 39-45, par les manipulations de la
CIA en Europe d'abord occidentale au détriment des mouvements démocratiques,
puis par d'autres démarches des frères Dulles en faveur des plus sauvages des féodaux
arabes ; cela s'est poursuivi avec l'assassinat massif des prêtres latino-américains
qui voulaient une "théologie de la Libération" ; certes cela
s'enfle encore avec les "cultures" actuelles d'extrême droite et de
haine de l’islam,
mais surtout c'est enraciné dans l'histoire des
deux derniers millénaires
par des centaines et des centaines d'actes
pontificaux
évoqués
par exemple par Xavier Vallat lors de son procès après l'effondrement du
gouvernement de Vichy où il était en charge des "affaires
juives" :
actes pontificaux qui tous incitaient au vol, au
massacre et au viol de communautés,
en particulier juives mais en général "infidèles".
Après
quoi c'est à rire, qu'on voie aujourd'hui se répandre en langage commun des références
à une tradition "judéo-chrétienne" (un jour "islamo-chrétienne" ?) !
Cela vaut bien d'approfondir un peu ce qu'a été le travail des "missions"
depuis, surtout, la déclaration de guerre à l'humanité contenue dans les codifications et organisations de
l'Inquisition.
Le schéma de fond de cette efficacité est si
simple qu'il faut s'aveugler pour ne pas le voir : il suffit à la papauté d'insister,
dans ses litanies et accusations, sur sa posture de martyre et victime alors
qu'elle n'a cessé d'agresser —
c'est le recours à la projection
sur l'adversaire de tous les crimes qu'on commet et auxquels on ne cesse
d'inciter (plus précisément, la rétroprojection, cf. sur ce blog les derniers paragraphes d'Actuel
69). Ainsi l'Eglise tient prête les listes de "martyrs" des
missions : mais nul n'oserait publier les listes des crimes
inquisitoriaux de son installation en puissance — et c'est sans doute impossible sauf en chiffres de
massacres énormes mais anonymes, ce qui émeut bien moins les imbéciles.
J'ai déjà longuement expliqué comment les "succès"
correspondants ont été relayés dans la même hypocrisie par l'effarante étendue des colonisations, plus
particulièrement anglo-saxonnes, faisant parade de liberté et démocratie
tout en ne cessant de s'allier aux plus nettes dictatures de brutes et
tortionnaires, bien avant la chaleureuse amitié avec les Saoud : on peut citer ici, au hasard de la plume, Franco
soutenu par le pape Pie XI, Churchill et bien des Britanniques au nom des
actionnaires de la Peñarroya et du Río Tinto, les fructueuses affaires de
General Motors et d'autres capitalistes d'Outre-Atlantique avec Hitler, fleuri
et adoubé par le pape Pie XII, jusque dans les débuts de la guerre mondiale déjà
déclenchée en 1940 (par exemple la fabrication des camions de Blitzkrieg par
Opel-GM), etc. Si je répète ici quelques-uns de ces points, c'est pour tenter
de faire mesurer la fausseté de prétendues histoires des religions qui font des
listes complaisantes de mythes, et omettent "seulement" le moteur
politique, l'histoire véritable, la lutte perpétuelle pour le pouvoir dont les religions ne sont qu'une expression
particulière et dont le suprême effort, surtout chez les plus abouties en puissance-et-hypocrisie, tente de faire oublier qu'elles ne visent qu'à écraser
sous elles le plus possible de contributeurs appelés fidèles.
Tout cela s'éclaire bien mieux encore si on le
rattache à l'explication biologique, largement animale, des malheurs de notre
espèce à partir de l'éthologie — malheurs dont les religions ne sont qu'un cas,
considérable mais particulier —. Mais il faut d'abord finir le portrait
d'ensemble des crimes sur deux plans :
– certains aspects récents de la rétroprojection
systématisée de l'Eglise
– et puis la catastrophe marxiste.
Titre II :
sur les deux religions majoritaires en pays riches
1. L'Eglise éternelle d'abord. Par la bouche de Benoît
XVI (toujours vivant, après sa démission devant les tensions internes de sa
bureaucratie), elle s'est attristée de la violence "de l'Islam" ! C'est rigolo :
– n'y aurait-il pas eu, entre autres, quelques
Croisades sur incitation papale, et quelques colonisations de pays musulmans où,
par exemple, un certain Charles de Foucauld, officier de très-active, aurait
effectué quelques razzias légèrement meurtrières contre des Algériens — avant
sa reconversion typique en martyr ?
– ne peut-on se souvenir un peu des histoires
d'esclavages et servages en pays très-chrétiens, et à partir d'eux ? n'y
a-t-il, dans les mémoires des peuples européens, aucune trace de misère faite
aux paysans, plongés assez cruellement dans l'abjection pour en faire des
soldats prêts à se venger sur d'autres, en particulier dans les conquêtes des Indes et d'ailleurs — réflexe souvent
infâme mais inévitable de vaincus : ainsi l'afFront nazional, déjà souvent
cité dans ce blog ?
Enfin quoi ! au nom de tous et de la vérité, les réalités de ces oppressions assassines ont-elles ou non eu lieu, alors que
les textes très sacrés et leurs ajustements controuvés pour la propagande ne sont
que faussement parole de
dieu ? Dans quelle obscurité n'enferme-t-on pas les enseignements de
l'histoire, "sainte" et autre ! Après quoi...
...
qui accuse de péché et blasphème, ô tenants de la seule "vraie"
religion, ceux qui rappellent que certaine Parole fut consignée sous Paul III
comme Vulgate, en décidant d'y maintenir les erreurs reconnues par le Concile de Trente même, pour
ne pas mettre en question cette "vérité"-là, ce qui aurait nuit à la
croyance ? faut-il toujours emprisonner et censurer ceux qui font
connaître bien plus hideux encore, deux des papes les plus criminels et
scandaleux que cette malheureuse planète ait portés, Alexandre VI Borgia et
Jules II della Rovere, se chargeant de "donner" leurs
"parts" respectives aux rois d'Espagne et de Portugal dans les "Amériques"
nouvellement ouvertes à "l'amour du Christ", et conséquemment si
effroyablement meurtries dans leur chair indienne que, depuis Montaigne jusqu'à
Howard Zinn, tout ce qu'il y a d'un peu humain au monde n'a cessé de frémir de
dégoût et d'horreur ? Est-il
ou non vrai, dites, que le
fameux "commerce triangulaire" avec ses millions de morts et ses
millions de rescapés traumatisés ad æternum a été béni dans son principe et
encouragé dans les faits par les très-savants docteurs de l'Eglise, tandis que des moines qui osaient s'insurger là-contre
ont été emprisonnés à vie et que, solides comme ils étaient, ils sont morts après
des années d'indicible torture dans leur âme comme dans leur corps (lisez les
"lumières des capucins", de l'ami Sala-Molins) ?
C'est ça, dites, la violence "de l'Islam" ?
et, sans doute, la douceur infinie et patiente de l'Eglise ?
Cela continue, oui, en 2015 de leurs ans de
crasse, avec les délégations d'intégristes en Ukraine — encore des martyrs —
depuis la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), pour prêter main-forte place Maïdan aux
nazis armés par Washington (et Israël, faut pas être raciste) et porter quelques
coups bas aux "orthodoxes" (qui, je le jure ici solennellement, ne
sont pas tous des islamistes ni d'ailleurs spécialement prosémites). On n'a pas
oublié non plus les bénédictions de Jean-Paul II à Pinochet — enfin, les gens
de mémoire, qui sont encore rares, n'ont pas oublié : mais l'histoire
n'oubliera jamais non plus —. Et
puis ça suffit et j'arrête.
2. Le marxisme.
Comme toutes les religions, le marxisme affirme
être la seule vraie. Comme toutes les religions, il a torturé les esprits
libres — notamment sous Staline et c'est si joli, en récupérant pour ce
faire les instruments des prêtres orthodoxes russes, qui avaient aussi détruit tout ce qu'ils
pouvaient d'"hérétiques" en leur temps —. Comme toutes les religions,
il assure qu'il ne saurait y avoir de contradiction (logique...) entre la
science et sa foi : cependant que les plus grandes découvertes — déjà
assez superbement ignorées par Marx et Engels, qui béaient devant les délires de
Hegel sur la science au lieu de la lire dans les savants — ont été écrasées de
Plekhanov à Jdanov avec la hargne que l'Inquisition avait déployée contre Galilée.
Ainsi par exemple en France, au nom des staliniens et
de Lyssenko, les idéologues du P "C" F poussèrent le grand Résistant
et biologiste Prenant à quitter leur parti, après qu'il ait trente ans durant
tenté de faire quelque chose d'honnête à travers des traîtres qui se disaient
communistes — ne me dites pas que je me répète : j'insiste sur ce point,
parce qu'il est acquis assez universellement : mais les postures infâmes
d'un Henri Cartan en bourbachique seront un jour elles aussi reconnues comme des
crimes contre l'humanité —. Dès les années 1900 ou 1910, les découvertes du
temps étaient déjà "réinterprétées" par Lénine, de telle façon qu'il
bloqua le développement scientifique et technique en URSS par le dogmatisme
lamentable et ignare partout présent dans "Matérialisme et
empiriocriticisme" (où tout n'est pas mauvais, mais qui fut si
dialectiquement utilisé, par des conards tout ensemble nuls en science et installés
comme bureaucrates apparatchki — pléonasme
— qu'il réussit à étouffer les savants jusqu'à ce que mort de soviétisme
s'ensuive), cf. :
J'en ai déjà parlé, je sais : mais fort peu, si
l'on considère honnêtement ce qu'a représenté (pas seulement pour moi, hélas !)
un demi-siècle de censure dans les publications françaises entre autres — je me
souviens même de trotzkards made in USA, refusant seulement
d'admettre de dire autre chose que Copernic et sa réputation faite par les
ecclésiastiques quand on leur
signalait les anticipations grecques ou chinoises sur le "système
solaire" ! —
Résumons donc. Au plus profond, les
marxistes ont trouvé dans la dialectique le Verbe de pouvoir qui leur a permis
de trahir tous les idéaux de progrès, pour s'installer en miroir de leurs prédécesseurs
et opérer à leur tour la classique déviation politique perverse des inévitables
et éternels élans démocratiques : là où ils ont réussi, ils ont pris la place des dominants sans rien
changer aux principes d'oppression.
La reconversion, des nouveaux tsars au Kremlin comme des nouveaux vautours à Pékin,
en ardents suppôts du système mondial d'écrasement des peuples, était
inscrite dans leurs prosternations
à Hegel et aux plus mauvais côtés de Marx et de sa suite. Ils demeureront dans
l'histoire comme les collaborateurs du meurtre de la classe ouvrière, et
surtout des espoirs qu'elle représentait à l'époque où les dominants n'étaient avant tout que des industriels
propriétaires d'usines — devenus depuis des financiers, avec ce que cela veut
dire au présent des mafias et de la guerre mondiale devenue incessante, et avec
l'impuissance puis la participation des anciens gouvernants de prétention et
devanture socialisante.
Titre
III : La clarification éthologique
Répétition encore — par obligation pédagogique,
dans l'étranglement présent du plus fort de la science acquise, pour offrir
partout des textes assez complets en soi, sans trop d'allusions ou de références
— : on ne parlera ici d'abord que d'agressivité, terme actuellement consacré et au départ commode,
mais on affinera vite en expansivité, parce que non seulement c'est le plus juste mais c'est ce qui permet le
plus net éclairement.
Gibbon (Decline and Fall of the Roman Empire) tentait déjà de synthétiser les causes des succès
chrétiens — encore primairement certes, mais déjà bien plus intelligemment que
les abrutis qui les expliquait par une origine divine ou par la "vérité"
de leur religion — par la tradition de férocité de la religion juive contre les peuples "non élus",
puis par l'assurance d'immortalité.
A ce qu'on sait aujourd'hui d'éthologie sur les
déchaînements agressifs, et d'après les témoignages de l'histoire sur tous les "succès" en affaires d'Empires, la
férocité est de loin l'explication la plus juste — et constitue le second des moteurs annoncés ci-dessus ( avec l'héritage romain — bien
expansif, titre I, § 2) :
– qu'on relise l'histoire de l'Eglise, au moins
depuis ses alliances avec les (plus traditionnellement) Romains et/ou les
Barbares, dans les sinuosités les plus écœurantes, pour pousser le pouvoir de
ses prêtres sur les paysans et les guerriers, jusqu'aux procédés des guerres
indiennes aux Etats-Unis
– qu'on s'attache à relire dans cette continuité
Montaigne et ses comptes rendus des "Conquistadores", ou l'histoire récente
des procédés de nations chrétiennes, et de ses moines de l'espèce d'Argenlieu, en
Algérie, Indochine, Amérique Latine, Australie, Afrique subsaharienne, Irak,
Afghanistan, Liban, etc.
il
faut seulement accepter d'ouvrir les yeux, et il est bien vrai que ce n'est pas
toujours confortable quant au sentiment de la destinée humaine. Encore une
fois, ce point de déchaînement barbare est ici mis en tête de l'analyse parce qu'il est le plus facile à
expliquer dans ce qui est le plus assis et indéniable dans l'éthologie :
la forme, hélas si vite élaborée dans la sauvagerie naturelle, d'agressivité à partir du fond expansif. Il demeurera certes longtemps des gens capables
de refuser de croire à l'agressivité animale de l'espèce humaine, et surtout d'en faire le lien évident aux
guerres : mais à ceux capables de pareil déni d'histoire il est bien
difficile de faire faire si peu de chemin que ce soit. Si par contre on accepte
de voir, le prosélytisme chrétien
n'est qu'une expression particulièrement et perversement enrichie de la volonté
de pouvoir, et de ses capacités à
recruter des fanatiques, eux-mêmes très désireux de décharger leur agressivité et de garder bonne conscience sous les bénédictions
chaleureuses de leurs prêtres. Ce raffinement dans le crime et le dévoiement
moral va avec la proclamation d'amour universel, déterminant l'universalisme (catholique est le mot grec pour le dire) de la
conquête, et du... djihad rendu ainsi nécessaire : elle est d'autant plus
efficace et dangereuse qu'il devient très difficile de convaincre le fidèle
ordinaire de l'hypocrisie de
son Eglise, même à partir des faits historiques massifs, énormes, et monstrueux
qu'on s'efforce ici de rappeler sans cesse — parce que cette hypocrisie est relayée profond en intériorisation, en
sentiment de supériorité, en satisfaction à voler le reste du monde, et en
confort moral jamais analysé.
Seulement il y a bien davantage encore. Tout être
expansif (il en est dans bien
des espèces, surtout à certains moments de vie individuelle, mais jamais au
point évolué chez l'humain)
cherche son expansion, au plus
large et en tous sens. Etre isolé, mis à l'écart — de la nourriture, du plaisir
sexuel, de la horde — est évidemment intolérable. On situe déjà ainsi ce que
représentent la vieillesse et surtout la mort, pourtant inscrite dans la vie plus clairement que
n'importe quoi d'autre. C'est pour cela que la folie d'immortalité, surtout dans ses expressions primitives et
directes (d'abord et primitivement : le désir de ne pas mourir — alors
qu'une évolution humaine notable et pourtant bien élémentaire est par exemple de
souhaiter que des gens se souviennent de vous), est si évidemment une conséquence qu'on ne peut que sourire des prétextes et des
devantures dont elle s'entoure si volontiers. Il y a longtemps que des
animaux humains ou non meurent, et les majorités encore actuelles ne veulent
pas en voir le caractère définitif et universel ! Est-il utile de poursuivre ? L'expérience des
prêtres sait alors leur faire dire les contes qui sont les mieux reçus. C'est
tout. Les raffinements — en
promesses de paradis, et menaces particulièrement barbares d'enfer (il faut être
monothéiste de rare perversion, pour inventer une punition éternelle contre des humains bien pauvrement réduits dans
le temps et l'espace) — ne sont
que surplus, littérature et films d'horreur.
En outre il y a une notion vitale, non vue par
Gibbon, et qui est pourtant une cause aussi évidente que puissante de l'expansion chrétienne — en fait : monothéiste, mais pas
aussi nettement dans le cas général —. C'est la forme matérielle la plus directe, la plus primitive et la plus
claire des issues de l'expansivité éthologique : la délimitation puis l'extension du territoire autant
que faire se peut, d'où "l'instinct" de propriété et ses édictions en "droit". Ce n'est
pas une originalité chrétienne, mais le soin des "commandements" à
respecter ce privilège des chefs et ce fondement du statut d'homme
"libre" est très explicite, et ce "droit" est très
facilement reçu comme trait humain général : les développements chrétiens
tirent de là une autre source de succès. En vérité, peu de données aussi
importantes, actuelles et anciennes ou antiques, reçoivent un éclairage aussi
profond par l'éthologie : la propriété représente la réponse sociale la plus vite construite
aux nécessités de stabilisation des expressions pratiques expansives ; elle
est devenue fulgurante surtout depuis "la magie de l'argent", à
savoir les formes d'accumulation-expansion, à partir des grands commerçants,
puis banquiers, puis manufacturiers de la fin du Moyen-Age, à la suite des échanges
considérables des Républiques italiennes lors des Croisades — illumination aussi
rarement avouée que considérable !
Ce n'est en rien un hasard donc, si l'Eglise
est l'un des deux premiers propriétaires fonciers de France — de loin le propriétaire
le plus lourd économiquement par les affaires de banques ou de gestions de
biens immobiliers —, et si la haine des "partageux" a été aussi aisément
cultivée en terres chrétiennes. Mais s'agissant de schéma général, il est sans
doute plus important de rappeler qu'après avoir mis si longtemps à se "révéler"
aux pauvres de Chine, la "bonne nouvelle" évangélique est en train
de se répandre à une allure invraisemblable sous la houlette du Parti
"communiste" chinois — autre succès éclatant de la dialectique —. En effet, on est sûr qu'existent désormais des dizaines
de millions de catholiques en Chine, et certains anxieux parlent de trois cents
millions : vu la situation faite dans les villes-champignons de l'Empire
du Milieu au sous-prolétariat de source paysanne (terrienne et donc facilement
obnubilée par l'attachement agricole à la propriété), c'est tout à fait
possible.
Conclusion ?
Bien provisoire, pour ce tome-ci et surtout parce
que ce n'est plus histoire mais perspective : il faut poursuivre
l'humanisation de l'humanité contre toutes les religions.
Comme il a été dit ici même tant de fois, rien n'égale pour cela, en exactitude
et en puissance, l'analyse éthologique.
Alors pour l'avenir, la première et plus
importante revendication
est désormais de viser à ceci,
qu'aucun enseignement religieux
ne brise l'épanouissement des enfants du monde :
à
ceux qui osent parler de "délit de blasphème", il faut sans cesse opposer
la nécessité, pour la paix sur la Terre, que le plus rapidement possible
aucun racontar ne puisse plus être imposé à des êtres avant un âge où ils soient assez instruits d'expérience
propre et de connaissance, de culture humaine, pour juger de ce que valent les "agrégations"
d'office en "communauté" — du genre intolérable du nouveau catéchisme :
"pour nous chrétiens, la Bible est la parole de dieu" ! comment peut
se défendre là-contre un enfant de six ou huit ans, mené par ses propres parents
au prêcheur d'un tel mensonge, et quel avenir lui laisse-t-on alors de chercher
plus juste, plus vrai, et plus fraternel en reconnaissance de ceux qui méritent
pourtant pleinement, scientifiquement, humainement, d'être appelés ses semblables ?
La seule fois où un Pie XI a osé s'insurger nettement
contre Mussolini, c'est à propos des écoles. Sous l'hystérie verbale de sa
fameuse réponse à l'ambassadeur Commène, il y a évidemment, et très justement,
une vision claire de ce que
la survie de l'Eglise,
installée d'abord par les crimes inquisitoriaux
dix siècles durant,
ne peut se perpétuer que par le viol des âmes
innocentes,
suprême outrage à la morale.
C'est le cœur actuel de la question. Cela n'épuise
pas le sujet, cela en donne le point de vue le plus riche et le plus fécond
aujourd'hui. Il faudra bien poursuivre par mille chemins, et démonter d'autres
expressions absurdes du goût du pouvoir par le Verbe, toutes fausses
philosophies cultivant, au profit de la logorrhée, la flemme d'étudier le
vrai — structuralisme,
existentialisme, cognitivisme font partie de ces non-sens prétentieux et
maladifs. N'importe ici. Contre toutes les paresses, la vérité est scientifique-historique ou elle n'est pas. La
part qu'on vient d'en dire est des plus importantes. C'est celle-là surtout qu'il
faut laisser le temps de méditer — pour la transcrire ensuite à toutes les
superstitions.
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