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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


samedi 24 janvier 2015

Actuel 73 Intellectuels ?


Ils sont nombreux à souhaiter qu'on confonde intellectuels et intelligents. Or ce n'est en rien un signe qui importe, de ne pas se salir les mains ; ce n'est nullement un mérite, d'avoir eu des parents à même de payer des études ; et c'est humainement nul, d'être simplement universitaire, comme d'autres sont propriétaires — parce que des remous absurdes d'histoire et d'actualité vous ont poussé là, souvent avec un lot de compromissions ou tricheries —.

Ils sont organisés en corps de pouvoirs — en France par exemple X, ENA, ENS, et autres moindres, ou mandarins de "droit", de droite —. Parce qu'ils ont réussi à vingt ou trente ans à décrocher un titre ou un concours, aux programmes et préparations pervers ou franchement crapuleux, ils voudraient être à vie les seuls à représenter non seulement la compétence, mais l'intelligence. Certes, vu comme on gère les bibliothèques auxquelles ils ont seuls accès, on peut imaginer qu'ils se targuent de monopoles de cette "compétence"...

Ainsi Maurice Allais, aujourd'hui prix Nobel d'économie, faisait marquer dans une école d'application certains livres du signe "lambda", pour les faire réserver aux ingénieurs "du corps", et les interdire aux ingénieurs "civils". On pourrait citer mille tels traits du personnage et de ses pairs. Après quoi un François Ruffin bée devant...
Ainsi de même : un physicien envoie à une famosité normalienne, supposée communiste en plus, un texte très fouillé sur un article à juste titre célèbre. La famosité ne répond pas, évidemment — l'auteur de l'envoi n'étant nullement normalien —. Mais elle met en piste une thésarde, qui reprend le texte proposé, le complète par des sornettes (par exemple : au lieu d'une date donnée par l'année, elle précise le mois et le jour, ce que rend facile l'accès à une bibliothèque de richesse aussi énorme qu'accaparée, mais qui n'a aucun intérêt) ; puis elle le publie, avec son nom en tête, suivi de celui de sa thésarde. Celle-ci entame ainsi à son tour une carrière "brillante" : car on  compte les publications, signe objectif entre tous, pour "juger" de la valeur des gens, et comme on contrôle les revues, on peut d'une main censurer indéfiniment un auteur et de l'autre se plaindre de sa stérilité complète...
Ainsi encore : il est atroce de voir comment ont été dispersées ou "redistribuées" les plus belles bibliothèques de France, part considérable de mémoire de notre espèce...
Etc. ad infinitum.

Par de tels accaparements de savoir, l'ignoble se répand et se contagionne. Pour en rester toujours à la présente prétendue République (mais c'est pareil aux Cambridge des deux côtés de l'Atlantique, à Princeton ou à Oxford, et partout ailleurs), les universitaires qui veulent un poste sont stylés à respecter de telles corruptions tout comme les commerçants, artisans ou autres petits parasites sont stylés à respecter les plus gros propriétaires et à se prosterner devant les grandes fortunes, c'est-à-dire les plus grands crimes. C'est peut-être plus visible en lettres, avec aujourd'hui des vices puants allant de l'incroyable nullité de l'Académie Française aux journaleux de la honte : mais depuis que l'Académie des sciences est sous la coupe d'administrateurs, sans œuvre ni culture mais au service des "industriels", cela passe partout en structures — et par tant de pestes intermédiaires, si lourdement dans l'histoire, que cela vaut la peine de soulever quelques couvercles de ces poubelles. On va donc remonter à l'éducation ou prétendue telle : à la reproduction de ces dévoiements de génération en génération.

1. Plus particulièrement dans notre hexagone donc, le plus ancien moyen de sélection des enfants, de façon que ceux des riches aient pratiquement toutes les chances de se succéder aux postes de commande et de confort, c'est bien sûr la langue. Sous prétexte d'enseigner le français, on style et on formate : éventuellement au latin et au grec, mais surtout ("lettres modernes") au genre d'écriture des journaux de concours général, "le Monde" vaticanesque, ou "le Figaro" plus accessible aux petits-commerçants et semblables niveaux d'inculture.
Ensuite, le second poste-filtre de police et douane dressé contre les nouveaux venus en écoles, qui ne doivent à aucun prix être cultivés, ce sont les mathématiques (cf. ici le texte de ce mois-ci, Fond 8). Cela commence très tôt : on élimine des pans entiers de ceux qui pourraient s'instruire, par des programmes d'abêtissement et d'inversion mentale (en particulier en évitant tout contact à des réalités physiques, et en insistant lourdement au contraire sur des problèmes commerciaux à "bénéfices"). Voici deux générations, on alla jusqu'à l'affaire des "maths modernes", cette préciosité langagière honteuse des mathématiques, en large part issue du crime bourbakiste, qui encombrait de mots et interdisait les images fondamentales pour l'apprentissage, surtout au départ : mais le résultat fut tel que l'on vit presque disparaître des ingénieurs capables de quelque utilité en production industrielle, et il a fallu une reconversion déchirante. On a donc plus subtilement mis en place des "classes européennes" où il faut un solide arrière-plan familial (souvent des cours particuliers) pour suivre un rythme plus que rapide dans plusieurs disciplines en même temps, et on sélectionne à la fois
– par un investissement cérébral qui n'est pas souvent compatible avec l'âge, surtout sans milieu-bouillon de culture
– et par des professeurs (je n'écris pas : des enseignants) qui, dressés aussi bien par les programmes que par le flicage des inspecteurs, ne s'intéressent qu'à ceux qu'on sait destinés à suivre les études longues — en priorité desquelles bien sûr les "prépas", les préparations aux "Grandes Ecoles", X etc. cf. supra.
            Voici peu d'années, au temps des Terminales "C", le système produisait cinq (5) élèves de ces Terminales pour cent (100) entrés en maternelle : du cinq pour cent donc, de gens capables de suivre en même temps techniquement et culturellement une part assez large de l'évolution de leur siècle. C'est plus compliqué aujourd'hui, où on donne le bac à 80% des élèves, avec pour horizon des échecs et égarements d'abord au niveau universitaire et plus tard dans la recherche d'un emploi. Mais surtout, un baccalauréat aujourd'hui ne vaut pas en savoir un certificat d'études accordé voici trois générations : combien de fois n'ai-je vu, malgré mes cours bénévoles du samedi depuis un demi siècle, des gamins et des jeunes inaptes à calculer de simples additions d'épicerie ou, incapables des quatre opérations et de leur sens commun, appelant leurs parents au secours pour commander et payer les victuailles de leurs noces ! Par contre, tout le monde désormais sait s'abrutir devant un écran d'ordinateur : et c'est tout ce que demandent les gestionnaires de dévoiements sociaux capitalistes intitulés "entreprises"...

2. On devine, ou on sait, ou on peut bien voir, ce que cela devient chez ceux qui sont censés faire évoluer la culture, spécialement "intellectuels" et universitaires : c'est ce que nous allons à présent passer en revue.
Le principe en est aussi simple et clair que son application est universelle : pour être admis en "compétence", il faut accepter le système et ses "équipes" de "haut niveau" ; sinon, on n'a pas de poste — c'est-à-dire de moyens de gagner sa vie en tant qu'enseignant et chercheur, au sens universel dans l'histoire —. En France, ç'a été renforcé de façon plus spécialement infâme par la LRU de l'insuffisant mental Sarkozy, qui en était particulièrement "fier" (en fait il était surtout satisfait de sa revanche sur une institution qui, même dévoyée, n'a pu décemment lui accorder un titre supposant quelque capacité d'apprentissage culturel : et ça vous a supprimé l'histoire en Terminales scientifiques) ! Mais il y a un contexte mondial  : dont l'ordure, macérée dans son jus de poubelle et déversée depuis les centres financiers anglo-saxons, de la "Commission Européenne". Lisez :
« Le temps où, traditionnellement, les savoirs acquis dans l'espace académique constituaient un patrimoine ouvert, mis à la disposition de tous, appartient au passé. Dans le champ des connaissances, production rime aujourd'hui avec protection et exploitation »...
NON ! C'est la "Commission Européenne", auteur de ces lignes, qui "appartient au passé" d'ignarisme et d'obscurantisme de notre espèce, et qui s'imagine qu'elle pourra y faire revenir à son gré. Les savoirs ne seront jamais confinés, ni à "l'espace académique", ni aux intellectuels et putains mentales de la trahison anti-humaine. Il n'y a pas de simple "champ des connaissances", mais une nécessité impérieuse d'opérer la synthèse de celles-ci au service des gens, parce que c'est un des nœuds de l'aventure de notre espèce. Malgré les maffinanciers au pouvoir, la "production" des vraies richesses aura toujours la source de ses flamboiements dans l'élaboration de la science CONTRE la "protection" de la propriété financière par les "brevets industriels" du crime capitaliste, et contre "l'exploitation" par des artistes du vice et du dévoiement politiques. "Le temps" qui compte, ce n'est pas simplement le "traditionnellement", mais l'élan humain, indissolublement démocratique et scientifique : le temps qui compte est celui où les humains éprouveront toujours plus fort leur identité et leurs capacités à apprendre et savoir malgré les obscurantismes et leurs massacres. Ce temps-là ne risque pas de jamais "appartenir au passé", il est tout l'avenir, sauf si l'humanité entière est éliminée par les fous et pervers qui prétendent gouverner et ne savent que détruire : car le goût de comprendre comme celui d'aimer, ce besoin et cette reconnaissance de l'enrichissement par l'autre et le semblable, sont inscrits dans les chromosomes de notre espèce. Ce ne sont pas les "réformes" et la "modernité" des financiers "européens", sarkozystes ou autres — ni leurs universitaires — qui vont changer le fond humain de notre espèce et la faire revenir à l'animalité complète.

            2. 1. Ceci posé en général, voyons d'abord la physique ou ce qu'il en reste aujourd'hui. Pour être "compétent" ("moderne"), il faut être adepte de l'inquisition dite "interprétation de Copenhague" (ville natale de Niels Bohr) contre laquelle Einstein a lutté toute sa vie, ou au moins la considérer comme une thèse scientifiquement admissible : de façon éhontée ou hypocrite, il ne s'agit de rien de moins que de faire croire que c'est la conscience (d'abord celle des "physiciens" à la Bohr bien sûr) qui crée la réalité. Presque personne ne mesure l'horreur que cela représente. Car la physique, plus que toute autre science et pour cause, a été le départ de ce que des traîtres hegeliens ont dévié sous le nom de "matérialisme" : c'est elle qui définit, avec une incomparable netteté, par le cosmos dans son ensemble, la prise de conscience essentielle de la méthode expérimentale : "vraiment, il me semble qu'il serait ridicule de croire que les choses de la nature commencent d'exister quand nous commençons à les voir et à les entendre."

Ce sont les mots de Galilée : et c'est pour cela qu'il a été torturé et menacé de mort sur le bûcher, contrairement aux légendes sur les mouvements de la terre et du Soleil répandues perfidement par l'Eglise et les ignares, ou les intéressés à faire du théologien Hegel un maître de philosophie — alors que Hegel a détruit sur le plan philosophique l'élan expérimental, éclairé par Galilée d'abord, plus globalement ensuite par Diderot et son Encyclopédie.

Ce n'est pas sur des dialectiques, mais sur la physique et ses inimaginables succès (toute la mécanique d'abord, puis la thermodynamique, et donc les premières machines à moteur, puis l'optique, le microscope et l'extension énorme du monde notamment du vivant, puis l'électricité et les électroniques rebouleversant la chimie, la médecine et les industries — une paille !) que se sont appuyées les révolutions, des mentalités comme des moyens de production ou de soins, dans les potentialités de l'humain. Même les explorations et les observations de la géologie et de la paléontologie sont inimaginables sans les possibilités ouvertes aux voyages et aux analyses par les constructions dues aussi bien aux résultats des sciences, chimiques ou cristallographiques entre autres, qu'aux méthodes d'observation venues de l'entraînement galiléen sur les pierres des architectures ou sur les étoiles. Toutes les techniques ont été mille fois enrichies à partir de Galilée, Newton, Watt, Cavendish, Gauss, Faraday — et ainsi Darwin est impensable sans Galilée puis l'éveil géologique et paléontologique, puis biologique, venu par tant de Leeuwenhoek et des observations avec des principes et instruments révolutionnaires. Or c'est cela qu'a voulu faire oublier la convergence effroyable des théologiens classiques et des bureaucrates dialecticiens, derrière la physique "moderne" vue par Niels Bohr et ses comparses.

Ce sont en particulier les bourses distribuées par Bohr, fils de banquier et mystique plus ou moins kierkegaardien (si toutefois Bohr a jamais lu sérieusement quelqu'un d'autre que lui-même), qui ont trié les physiciens protestant de refus des dictatures mais en fait asservis aux Etats "forts" — surtout les vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale et spécialement les patrons anglo-saxons.

C'est par ces gens que sont passés les dévoiements en tenaille
– de techniques d'automatisation et facilités de production retournées en création de chômage, d'un côté
– et de l'autre côté, de l'entretien des délires de pensée "magique" avec la "résolution" des énigmes quantiques par la parapsychologie de la "mesure" (ce serait l'observateur qui créerait le résultat) !
Comment peut-on ne pas voir l'accueil, que ne pouvaient manquer de faire les théologiens classiques et les vendeurs d'horoscope ou de contes parapsy, aussi bien que les avides de pouvoir à priorité dialectique, à de telles illusions revenues des temps des cavernes ? comment peut-on oublier les enthousiasmes des "industriels" d'Outre-Atlantique sur l'élimination de la classe ouvrière par des robots jamais en grève, enthousiasmes publiés dans la revue Fortune des années tout de suite après 1945, au moment où les ouvriers blancs et noirs se révoltaient, d'avoir été employés à se faire tuer sauvagement aux fronts pour ensuite retourner à l'exploitation aussi sauvage ? comment peut-on ne pas saisir que les deux aspects
– aussi bien la férocité dans l'industrie, vidée d'employés et largement dévoyée en armements pour répandre partout dans le monde le chômage, la misère et la guerre
– que l'occasion de brandir une "science moderne" (en fait, les pseudo-théories et techniques vicieuses médiatisées partout par les financiers) permettant de "redonner sa place" à "la foi" (en fait, à tous les aveuglements, à tous les fanatismes, et donc à toutes les manipulations)
ont été exploités à fond par les plus barbares au pouvoir, tandis que les baratineurs pérennes de l'économanie pseudo-matérialiste s'entêtaient dans leurs clichés de plus en plus irréels ?
C'est se répéter, soit, cf.
Mais comment pourrait-on éviter de redire le savoir auquel on a voué sa vie, lorsqu'un bâillon sur la bouche vous a interdit de le diffuser durant plus d'un demi-siècle ? L'assassinat de la physique a porté les coups les plus rudes à tout ce qu'ont représenté des gens comme Galilée et Einstein, c'est-à-dire la capacité à éduquer les êtres et les peuples à une vision scientifique, éclairée, universellement humaine du monde et de l'histoire, à travers la compréhension de la priorité des évidences cosmiques sur les sentiments et les catéchismes. Or si on s'avise aujourd'hui en France de le redémontrer, si on veut publier ce qui est passé à travers Riemann, Einstein puis Eddington, de Broglie ou Hermann Weyl, le "ccsd" ("centre de communication scientifique directe", antiphrase du CNRS, contrôlé par des intégristes de l'Eglise catholique !) censure le texte ! et ce sont des syndicalistes qui vous donnent des leçons sur ce qu'il est convenable ou non de publier, sur le thème que "le système  est ce qu'il est" (vraiment ?) et que "bien entendu, si on en rajoute une couche sur la contestation" on est soi-même coupable, puisqu'on ne s'est pas autocensuré !
Qui mesurera jamais ce que la réaction politique doit, à l'organisation de l'obscurantisme religieux classique d'un côté, à son écho dialectique de l'autre, dans les déchéances d'un siècle de totalitarismes, à partir du meurtre de la mémoire des siècles pour tout ce qui est de la découverte de l'univers, de ses incidences philosophiques et de ses leçons universelles de méthode pour la pensée ?

2. 2. Mathématiques, avec s.
Les pourris de la bourbachique, prétendant trouver dans l'esprit pur la source unique des mathématiques, ont voulu leur arracher ce pluriel. Dieudonné le jésuite et Cartan le stalinien (reconverti en fin de parcours, comme tant d'autres : Dieudonné au contraire a été de plus en plus carrément "fidèle" à ses origines) ont dictaté l'enseignement et la recherche d'abord en France : mais la réaction se déchaînait partout sur la planète. J'ai dit cent fois (cf. en particulier ici Fond 8 de ce mois-ci, encore, mais  plus largement ce que j'ai pu rédiger toute ma vie) ce qu'a été ce crime contre l'humanité, et comment le contrôle plus particulièrement normalien (ENS) de cette "normalisation" a fait bien plus de mal que tous les étranglements des printemps de Prague ou du Caire :
– le pédantisme et l'abstractionnisme — les tics topologiques et linéaires, des EVT par exemple si chers à des Dieudonné et Grothendieck —
– leurs façons d'enfermer dans de fausses synthèses seulement branchées sur certaines lignes des intuitions acquises au lieu de laisser la pensée se renouveler globalement et toujours à l'émerveillement du monde
– les présentations comme les outils de la mécanique prétendue quantique comme les obsessions algébriques et analytiques systématisées en enseignement pour formater à une mentalité au lieu de désigner l'univers
bref la sélection de viciés en physique de Copenhague ou en mathématiques de Bourbaki, c'est trop évidemment la même chose pour que j'y insiste encore.

2. 3. "Sciences humaines".
Pendant surtout les derniers vingt et quelques siècles, on a su ou deviné beaucoup de l'essentiel humain. On a su le recours que représentait le sens de la cohérence, souvent appelé raison, contre les bouffées d'animalité. On a deviné, en élargissant le sens des mots relatifs à "humain", l'importance des capacités à l'empathie, ce sens ou sentiment commun si fort qu'il rend surtout intolérable la souffrance de l'autre, et souvent fait se réjouir de son juste bonheur. Mais d'un côté les tenants de la rigueur, ou de la science, ou de la raison, et de l'autre ceux qui criaient les urgences du sens ou sentiment commun, de l'empathie, ne parvenaient pas toujours à se comprendre. Plus triste encore, parfois dans le même être (Einstein par exemple ; mais aussi Marx hélas, se faisant une obligation stupide d'écarter les références à la morale en présentant le plus haut de sa synthèse), il arrivait souvent qu'on plaçait en domaines et actions séparés la science et la morale — tout en les ressentant comme des poussées intimes, parfois des devoirs, semblables —. Or le bouleversement éthologique, c'est avant tout, sur le plan intellectuel, la démonstration définitive de l'ampleur de l'identité humaine, dans ses aspects "d'humanité" au sens de généreuse empathie et dans ses aspects tout aussi humains de cohérence, de science, de raison éclairée : en heureuse synthèse, de rigueur, d'expérience et de passion — contre toutes les faussetés sur le thème que "le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas".
Alors, par exemple, un crétin universitaire, se réclamant justement de Pascal et de spiritualisme, a décidé à lui tout seul que l'agressivité des éthologistes (appellation erronée, mais moteur de comportement le plus énorme et très indéniable) n'existait pas. Il a été brandi, par d'autres imbéciles de sociologie, comme preuve que "tout cela est très discuté", comme si c'était discutable : comme si tout au long des sciences et de l'histoire, les évidences les plus incontestables n'avaient pas été écartées par les abrutis et aveugles de "foi". L'argumentation de ce crétin mérite un détour. Car ce pascalien et spiritualiste découvre tout à coup le matérialisme pour affirmer qu'il y a des hormones typiques de la sexualité, et rien de tel en affaires d'agressivité : "donc" celle-ci n'existerait pas dans le comportement humain ! On pourrait emmener ce digne professeur sur un stade de fotbal ou lui faire visiter l'histoire politique, dont les guerres : mais sans doute tout cela lui paraît-il simple expression de la volonté de "dieu", comme ces gens aiment si souvent à dire au lieu de pouvoir(s). Je propose plutôt ici à ceux pour qui les enfants représentent de grandes choses, dont l'avenir, de songer au test suivant, que beaucoup d'entre nous ont pratiqué ou vu pratiquer dans des circonstances fort émouvantes.
On place un petit humain qui vient de naître, en le soutenant soigneusement, de façon que ses pieds touchent une surface (douce et point froide) horizontale. Et le petit humain fait mine de se carapater : il "veut" marcher déjà. Je demande alors où est l'hormone du carapatage, ô crétin universitaire !
Une part considérable de ce blog-ci étant consacré à la défense et illustration de l'éthologie, je n'en dis pas plus ici. J'ajoute seulement ceci.
Le professeur Bourdieu s'est réclamé lui aussi de pascalianisme plutôt que de marxisme (il y aura toujours des gens pour choisir entre la peste et le choléra). Mais il explique, lui, les constructions d'inconscient en déclarant que c'est une question... d'habitus dans la doxa. Eh ? C'est-y pas que des mots comme ça vous posent un homme ? De mauvais esprits y verront une nouvelle manifestation du nominalisme idiot qui a peuplé le Moyen-Age de vertus dormitives pour expliquer les effets de l'opium,
Mihi a docto doctore // domandatur causam et rationem quare // opium facit dormire. // A quoi respondeo // quia est in eo // virtus dormitiva // cujus est natura // sensus assoupire c'est dans "le Malade imaginaire", la parodie finale —
bref Molière se moquait déjà de Bourdieu...
Si l'on reste un peu sérieux sur des sujets si essentiels, il faut comprendre comment évoluent les préprogrammes inscrits dans nos chromosomes pour devenir des programmes complets, largement inconscients dès leurs constructions mais aussi dans leurs résultats. Cette élaboration lente et fort peu maîtrisée se passe tout au long de la vie dans chaque être humain : c'est le cas pour la marche à partir du carapatage après formation d'un sens affiné de la verticale, c'est le cas pour le sourire (universal humain essentiel) et son usage social par exemple dans la séduction, c'est le cas pour les goûts de contacts à partir des réflexes de succion de mammifère puis de préhension, puis c'est le cas pour tout ce qui donne enfin l'épanouissement ou au contraire l'avortement en fanatisme et barbarie de domination, en somme tout l'inconscient que Darwin, Freud et enfin, last but not least, Lorenz éclairent comme on n'a pas osé le rêver depuis la terrible aube humaine — et tout cela, aux yeux des crétins universitaires, de Marx même (avec des excuses) puis de Bourdieu et ses suiveurs (sans pardon), c'est de l'habitus dans la doxa ou ça n'existe pas !
Ainsi, pourvu qu'on compte sur Kant ou sur d'autres nuls pour "fonder l'anthropologie", et qu'on souscrit aux conneries de péché que le savoir — ici éthologique — est fruit défendu sur l'arbre de la connaissance, la voie est libre pour la carrière universitaire "brillante" déjà si souvent rencontrée ci-dessus. L'Eglise ne s'y opposera pas : qu'en pensez-vous ?

2. 4. Philosophie.
Il n'est d'autre philosophie que la connaissance de l'expérience et de l'histoire, toujours mieux saisie en savoir et synthèse. Cela plonge ses racines au moins dès Thalès, Thucydide et Archimède ; cela recommence à Galilée et Diderot ; ce fut assassiné une nouvelle fois par Hegel après l'Ecole aristotélicienne ; cela ne peut que renaître et se développer aussi longtemps que l'humanité vivra. C'est ce qu'ont en horreur tous les pouvoirs, et que tous les théologiens et dialecticiens s'efforcent aujourd'hui comme toujours d'étouffer. Bref c'est ce que les enseignements officiels interdisent le plus férocement de voir, quitte à laisser passer assez tôt, mais sous des formes étriquées en vue des techniques, un peu de leçons sur la Terre et le soleil, les astres et les choses.
C'est ainsi qu'au lieu de la saine philosophie, sens et goût du savoir, on n'enseigne vicieusement, partout dans les Etats-pouvoirs du monde, que le sens et le goût du pouvoir, la cratophilie. C'est ainsi que la plus grande trahison des universitaires et tous faux intellectuels est de baptiser philosophie ce qui dégoûte le peuple à force de verbiages, en prétendant qu'ainsi seulement on peut accéder aux affaires les plus gravement humaines.
Mais d'abord ce blog doit bientôt recevoir le schéma d'ensemble des mensonges agréables aux pouvoirs, notamment les fausses philosophies ou cratophilies, ensuite même un lecteur endurant doit trouver que ces pages commencent à être longues : donc on promet pour le plus tôt possible une histoire générale des religions — monothéistes et autres classiques, aussi bien que dialectiques et "existentialistes" — mais sur les "intellectuels"on va ici conclure.

Il ne faut jamais dire "les", mais "des", intellectuels en particulier, d'accord. Seulement quand ils sont placés comme énormément majoritaires dans les possibilités de diffusions, on a le droit de dire sa colère et d'inciter à la révolte contre de tels "experts", "spécialistes" et "compétents". Quand on en est à voir se présenter comme économistes de vulgaires gérants de capital, ou comme historiens des sciences des fervents de Koyré sur Galilée (c'est de même niveau), il est clair qu'on ne remettra pas ces tarés à leur place sans les explosions qu'ils auront rendues inévitables : et nous venons de voir qu'il en est ainsi partout, et spécialement où c'est le plus nauséabond. Il faut donc démontrer et faire savoir, aussi largement qu'on le peut, que l'écrasante majorité parmi les intellectuels de ce temps, et bien plus encore parmi ceux à qui on laisse des moyens de se faire entendre, censurent les évidences historiques et scientifiques qui rendraient les plus grands services au progrès humain, aux gens, aux foules opprimées. Il faut voir et faire voir le plus considérable de ce qui concerne aussi bien les mensonges éhontés des media que les programmes édictés par les ministères ou ce que représentent des médaillés et primés de jurys institués par des pouvoirs :
jamais dans l'histoire des tribunes aussi puissantes n'ont été aussi rigoureusement déviées de façon que ceux, qui se sont voués à la diffusion auprès des citoyens du démocratiquement vital des connaissances, se voient interdire ces tribunes,
et partout, ce sont la réaction politique et ses obscurantismes qui dégoisent,
dans les trahisons universitaires autant que dans les haut-parleurs des media ;
tant qu'enfin cette inertie fait, de presque tous les intellectuels de notre temps,
sur le plan culturel : des ignares,
sur le plan mental : des imbéciles,
et sur le plan moral : des lâches.





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