Il
y a incompatibilité radicale entre monnaie-argent et démocratie —"liberté" de marché = "liberté"
de circulation des oppressions
— et c'est d'autant plus
vrai que l'action financière est indépendante du contrôle des citoyens. Par
exemple, en France en
2015, la Banque de France
est (re)privatisée, ce qui suffit à démontrer que nous ne vivons pas en démocratie.
En fait, il s'y surajoute pour la monnaie courante la dictature transnationale
par la Banque Centrale Européenne, celle-ci hors de contrôle même des Etats
européens, même au titre du simple "suffrage" électoral (pourtant
entièrement soumis aux partis de la finance). Ainsi l'ensemble revient à l'échelle
mondiale à la tyrannie totalitaire des grandes banques anglo-saxonnes — bercée dans les brumes de
narcose incessante des media, dont propagande-publicité, dressages nationaux et
catéchismes.
Une première analyse de l'incompatibilité,
entre monnaies historiques et démocratie, peut être trouvée dans la revue V&L en particulier n° 16, Dossier Economie, cf. lien a.avramesco sur la
page d'accueil de ce blog. Des données plus complètes, à partir du cadre imposé
par la sauvagerie politique naturelle, figurent au chapitre 0 dans les
"Hordes de l'ordre". J'y rappelle les attitudes politiques
fondatrices des expressions économiques dans les lignées 1) valeur-travail
classique, 2) sinuosités keynesiennes et 3) procédés de calcul de l'école
positiviste, jusqu'à Baran et Sweezy, Galbraith et Leontieff. L'œuvre fondamentale
de J. Robinson y est également évoquée.
Ceci pour marquer encore que les longues études
qui s'expriment dans ce blog n'ont jamais été de pure éthologie
politique : c'est seulement après avoir reconnu l'extrême importance actuelle
de cette part de science que je me suis résolu à centrer sur elle mes présentations.
Cependant demeure, sinistrement, le refus d'expériences historiques exprimé par
l'aveuglement économaniaque — en particulier à travers le figeage marxiste — :
il a beau y avoir au moins deux générations dans le cas de la Russie, au moins
une dans le cas de la Chine, que le retour au capitalisme par le rouble ou le
yuan est affaire démontrée et incontestable, rien n'arrête ni n'arrêtera les refoulements
et obsessions de type religieux qui perpétuent l'égarement des progressistes en
ratiocination monétaire.
Il faut donc bien résumer une fois de plus d'une
part les réalités patentes qui ne cessent de faire saillir cette absurdité en notre
temps, d'autre part la nécessité de saisir les mouvements politiques qui en ont
établi les formes, et qui transcendent complètement l'économie. C'est à ce résumé
qu'est consacré le présent "Actuel".
La création
de richesse se fait par contribution sociale positive, dont le temps de travail socialisé pourrait être une
mesure au moins primitive. Mais nul ne songe à nier qu'un commercial, par
exemple un publicitaire, ou un gros financier, travaillent aussi : or cette
contribution est négative,
largement dans le cas du commercial ou publicitaire, absolument et
monstrueusement dans le cas du financier. La perpétuation du système d'argent
se fait alors par automatisation à outrance de la production et appât du gain à
des commerciaux, qui préfèrent et pour cause leur mode de vie à celui du travail
en usine, et se transforment ainsi en bons soldats de la police politique antidémocratique
— malédiction particulière dite "classes moyennes", vivier premier et
pérenne du fascisme.
Là-dessus on sait que tout résumé très bref est
approximation grossière, donc insuffisante : il est alors facile à la
critique de souligner les zones de distances, au lieu des considérables points
d'appui, au réel. Supposant ici une lecture de bonne foi, ou comme on dit
scientifique, il est cependant aussi facile d'élaborer plus loin.
La
monnaie au sens classique, associée au droit illimité de propriété, évalue
toutes les richesses en symboles
vite et inévitablement détachés
de leur création, qui est la contribution sociale positive. La répartition des richesses se fait alors par ces symboles et non par réalités scientifiques-démocratiques,
et ce n'est qu'un cas particulier de remarquer que le travail positif (il faut le formuler clairement comme tel),
accumulé, se transforme par ce biais criminel et politique en capital. L'incompréhension de ces évidences
premières — avec la lourdeur écrasante des analyses de Marx enfermées dans les
circuits monétaires, les illusions réformistes keynesiennes ou la restriction à
des parts calculables d'éléments de la production, au lieu du dégagement des
forces d'abord politiques essentielles
— constitue la base explicative des échecs progressistes par aberrations hors
science, entamées dès le début du XIXe siècle.
Pour le comprendre sans remonter au XIVe ou XVIIe
prenons au moins, après Smith et Ricardo, un nœud du débat au long du
XIXe : le travail de Gray (John, cité par Marx au début des Grundrisse) cherchait à formuler clairement que
le seul échange libre au niveau individuel doit être
réduit à des cartes
où ne peut figurer une fortune
supérieure à une vie de travail-contribution
sociale positive.
Gray
pensait, et les staliniens ont repris mais seulement pour fliquer vicieusement,
"livrets de travail" : nous avons aujourd'hui bien mieux pour concrétiser
ce dont rêvait Gray, nous avons tous pour nos achats personnels une carte magnétique.
Il faut ici insister, en souhaitant qu'on ne
perde pas le fil d'Ariane : la contribution sociale positive. D'abord tout être humain doit se nourrir et se
loger : donc de ce qu'il a contribué à produire, il n'a pu tout conserver comme sa part. Ensuite et de même, il doit utiliser des
routes, des écoles et des hôpitaux : même en système capitaliste, il est
impensable qu'il paye à chaque instant — il faut des établissements publics, et qui ne peuvent être que publics et sociaux en démocratie (routes ou autoroutes comme écoles
et hôpitaux) : leur étranglement par le totalitarisme financier est un ensemble
de scandales, mais ce n'est encore
qu'un petit coin de l'horreur monétaire —. Gray a saisi l'essentiel relatif à
la disposition individuelle et, s'il
n'imaginait pas la simplicité avec laquelle l'électronique peut le mettre en œuvre,
le fond de sa découverte demeure : en vue de l'établissement d'une démocratie,
l'avantage considérable du contrôle par carte est que
la part de richesse immédiatement disponible pour
un citoyen
ne risque pas de devenir un moyen de pouvoir —
par exemple un capital — :
car
seulement alors, tout investissement
social, bâtiment ou institut de production,
gestion, instruction ou soins, surtout public, a des chances de ne plus avoir
lieu que sous contrôle de tous les citoyens, et non par forme de possession individuelle.
Si
au contraire c'est une banque — ou une bureaucratie plus abstraitement partisane,
mais avec Gosbank à l'appui — qui gère dans le secret (bancaire) les richesses,
la démocratie est impossible.
C'est plus particulièrement vrai si la bureaucratie est financière (admettant par principe trafic et spéculation), qu'elle se présente ou non au départ comme
nationale : et on retrouve ainsi l'horreur de rouble et yuan comme d'euro,
c'est-à-dire l'abjection et finalement le dollar, monnaie-diktat planétaire mais
non pas universellement humaine — au contraire : inhumaine par les guerres
et dictatures qu'elle ne peut manquer d'engendrer.
Sur ce thème de la maîtrise des images de
richesses, Proudhon a rêvassé banque populaire, Marx en furie a rétorqué délégation politique
du prolétariat : toutes contradictions
dans les termes sur lesquelles
nous n'avons pas à revenir. Aujourd'hui en effet, en face de la carte magnétique
donnant seulement la disposition de la fortune personnelle, il nous est facile de penser à une autre carte
magnétique, permettant par télématique socialisée le contrôle politique au
choix et au temps des
citoyens. Ainsi idéalement, chacun
pourrait, et fréquemment, indiquer ses choix de programmes de production et répartition des richesses — programmes, et certes jamais délégation de décision à des sous-potentats, vers d'autres potentats vite
invisibles —. Mais bien sûr, en attendant que l'on puisse instruire-informer tous les citoyens de façon assez complète pour que leur reviennent les grandes décisions et les
corrections nécessaires d'après l'expérience, il faudra que certains citoyens proposent : c'est déjà un très
dangereux risque de prise de pouvoir, de pente naturellement oppressive. La
solution est alors, toujours grâce à la télématique socialisée, que certains citoyens désignés par l'estime des
autres pour leur savoir et leur sens moral-social (à partir de relations et
connaissances personnelles et jamais en partis) se chargent de restreindre les choix à ceux de
quelques programmes sur lesquels tous s'exprimeront : autrement dit, la
pyramide du pouvoir intermédiaire, inévitable tant que la plupart des gens sont
maintenus dans l'ignorance, doit être maintenue de pente aussi faible que
possible, et il est indispensable que chaque personne sociale ait accès simple
et rapide à se faire entendre — sauf s'il est avéré qu'elle cherche surtout à
se faire entendre.
On retrouve ainsi les inévitables
manifestations de tendances à la parade et à la domination ("agressivité"
éthologique) auxquelles l'humanité aura longtemps encore à faire face, si elle
survit aux suragressifs psychotiques tels que par exemple la quasi-totalité des
gouvernants — en particulier les saltimbanques actuellement candidats au cirque
présidentiel aux Etats-Unis — : autrement dit on perçoit ainsi, comme on
doit, la politique comme prioritaire et l'économie comme seconde, et il serait temps déjà de renvoyer au condensé
d'éthologie politique de ce blog.
Mais
quand on a un peu cherché à comprendre les paragraphes ci-dessus, on dispose aussi
d'assez d'éclairages pour se repérer par exemple contre bien des sottises qui
s'écrivent en ce moment. Ainsi de hardis donneurs de leçons, aussi variés que
contradictoires et nombreux, imprégnés de sens grégaires au lieu de science, déclament
ce que devrait faire, ce que ne devrait pas faire, ce qu'aurait dû faire et ce
qu'a eu tort de faire le gouvernement grec, et négligent de façon aussi idiote
qu'insolente ce que peut représenter la présence dans ce gouvernement d'un
ministre de la "Défense" empressé à diriger des manœuvres communes
des troupes grecques et des autres nationalités de l'OTAN (organisation dont l'orientation en affaires de
progrès n'est plus à situer : ces manœuvres avaient donc sûrement pour but
d'entraîner à la "défense" de la démocratie en Grèce !) et à signer un pacte d'alliance entre son pays
et Israël (autre notoriété
progressiste de la région).
De même une autre perle de ratiocinations économaniaques,
avec inconscience absolue des réalités de pouvoir, peut être trouvée dans un long
article de délire universitaire ("expert") sur l'affaire grecque, d'après
lequel il y aurait en économie générale égalité de l'épargne et de
l'investissement. Pensez là-dessus
aux comptes en Suisse des gros richards, grecs par exemple, ou bien songez à la
troisième attribution officielle de femelle à Donald Trump (en tête des
sondages comme candidat président US 2016 "Républicain") : robe
de mariée à N mille dollars, cake de cinq pieds de haut offert aux invités — dont le couple Clinton, "Démocrate" :
au fait, Monica Lewinski était-elle aussi dans la galante assistance ?...
Quelle épargne sociale que l'OTAN, l'élévation des milliardaires
en dollars, la misère pour euro-"Europe", l'ascension du franc helvète !
quels investissements que
le gaspillage des richesses en énormes riches et vils laquais !
De telles fascinations animales pour la domination, explosions d'anti-raison aussi bien chez les
victimes que chez les plus malades eux-mêmes, c'est de l'économie ? Cependant
les "analystes" économaniaques de ce système se posent en juges et
guides d'expériences historiques : ils ne sont pas seulement foutus
de lire les guerres et esclavages pérennes dans la stricte lignée et le pesant
héritage des comportements de primates, des dizaines de millénaires avant la
monnaie et le capital — mais simplement ivres eux aussi de parader, ces ignares
se targuent de penser : et politique, et économie, et rapports de
politique et d'économie !
Un condensé d'éthologie politique figure sur ce
blog en Actuels de mai 2015.
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