Plus, le
temps passant, les traîtres s'acharnent à faire silence sur la vérité, plus il
importe de dénoncer les tricheries typiques du pouvoir : les dévoiements à
propos d'histoire, de science et de philosophie sont inséparables de l'étranglement
de la démocratie — à un point aujourd'hui terrible.
Mais il faut aussi se souvenir que la
participation à l'horreur n'est pas seulement le fait des pouvoirs installés.
Les instillations de paresse, de lâcheté et d'ignorance sont loin de laisser étanches
les citoyens : même sans parler des brutes, vite satisfaites de trouver
des prétextes à décharger leur agressivité maladive, et dont on fait les extrêmes
droites, il est dramatique de suivre comment les torrents de bêtise parviennent
à bousculer des gens doués de quelque intelligence. On retrouve alors chaque
fois un égarement par une médiatisation que le pouvoir maîtrise largement :
– le cas le plus commun est l'abrutissement par
la télévision (en fait, plus précisément et plus qu'on n'y songe généralement,
l'idiotie radiodiffusée avec ou sans images, sur laquelle on reste obsessionnellement
branché parce que "ça tient compagnie", et dont on ne perçoit pas le
travail dans l'inconscient)
– ensuite les flots d'Internet — amorçages de
renvois mutuels de stupidité par les réseaux "sociaux" ; astuces
de moteurs de recherche qui placent amoureusement, en tête de millions de résultats-poubelles
où l'on ne peut rien utiliser, les sornettes d'assassinats professionnalisés de
la mémoire (la version française de Wikipedia est souvent remarquable par ses énormités :
voiles sur l'essentiel, montées en épingles de marginalités, insinuations
malveillantes, et
cependant de bons articles sur ce qui est désormais inévitablement connu, admis
et indéniable : ce qui achève d'égarer en mêlant rares justesses et
faussetés absolues — tradition d'Eglise)
– et puis les marées de pseudo-livres où les éditeurs
soumis à la finance font leurs affaires en vendant surtout de l'encre, du
papier, et accessoirement de pseudo-auteurs dont l'œuvre et la culture sont
aussi voisins du zéro absolu que le permettent les rayonnements fossiles.
Autrement dit, même le témoignage de fond, qui
est évidemment encore aujourd'hui le document, base de la mémoire de l'espèce,
de la culture, donc de la spécificité
humaine, même ce fond est
noyé jusque dans l'imprimé par les tourbillons de feuilles mort-nées et
d'aspiration par le vide. Il est scandaleux, mais constant, de voir que ce qui
est considéré comme information est un monde virtuel, un buzz sans contact avec
la réalité (comme les verbiages de débats électoraux ou de "philosophies"
de ministères, strictement creux de faits avérés). On se répète ce
qui se répète et on se trouve savant. Ce qui est véritable, ce qui est véritablement
enregistrement par science et histoire, est de plus en plus constamment ignoré :
l'effort, parfois bien élémentaire, pour trier et rechercher ce qui se tient par bases solides, est systématiquement refoulé
par la crainte d'aboutir à autre chose que les tonalités admises dans le
troupeau.
C'est
contre ce flot, préparatoire à une nouvelle apocalypse, que le livre de
Garrison (On the trail of the assassins, en édition complète, par
exemple la princeps chez
Sheridan Square Press) est si important, si exemplaire ; et sa trahison
parue dans la collection J'ai lu
— copyright 1992, achevé d'imprimer 1993 dans notre exemplaire — est elle aussi
à méditer. On n'a guère cessé ici de recommander le texte original — cf. entre
autres Archives A3 et Actuel 58 — : on va compléter le tableau par un examen
plus détaillé de la "traduction" française.
Le principal est que nul ne peut lire l'extraordinaire
plaidoyer de Garrison et croire ensuite à la version officielle du meurtre de
Kennedy, ni admettre les calomnies dont l'auteur ne cesse d'être la victime (ni
croire à un excès d'honnêteté ou de courage chez ceux qui s'arrangent pour éviter
de le citer : dont Howard Zinn, ce qui est pénible — Garrison, lui, ne
manque pas de citer Zinn). Nul ne
peut lire l'extraordinaire plaidoyer de Garrison sans comprendre que la manipulation des foules a atteint des sommets dont tout notre
quotidien porte les traces, dont toutes les intoxications omniprésentes fournissent
des preuves et des occasions de méfiance désormais incessamment nécessaire, de
vigilance immédiatement active. Par un équilibre rare entre les qualités
d'expression et de rigueur, Garrison parvient à donner une leçon, de lucidité
et d'audace dans la diffusion de la vérité, que seuls ont atteint quelques-uns
des plus grands savants et historiens. C'est d'autant plus important que
l'assassinat de JFK n'est pas seulement un épisode dans les crimes de toujours des pouvoirs les plus mortifères,
mais au contraire le pivot d'un dévergondage dans les méthodes de violence, qui
a mené l'ensemble de la planète à ce que l'on voit partout à présent : il
est la première crise de cette
importance dans la folie des "néocons", et en tant que tel il est unique. On ne s'aventurera pas ici à dresser une liste même
partielle des égorgements de tous niveaux, guerres, coups d'Etat, fausses révolutions
— de palais ou de places publiques —, assassinats ciblés, qui constituent le
fonds politicard depuis Dallas, 22 novembre 1963, jusqu'à Paris, 7 janvier 2015
et depuis, en passant par à peu près tous les pays de la Terre. On veut
simplement insister sur ceci : l'affaire JFK comprise, on est très profondément
vacciné contre toutes les manipulations, qui cherchent avec persévérance à redétruire l'éternelle aspiration démocratique.
C'est pour cela que la prétendue-traduction-en-réalité-trahison
parue en français est insupportable. Il faut d'abord rappeler qu'il s'est trouvé
des temps où des étudiants (d'âges variés) se faisaient un agréable devoir de
traduire à tous peuples ce qui vaut la peine d'être connu : il est vrai
qu'on n'usurpait pas alors aussi facilement l'étiquette de socialiste. Ensuite
mais à semblable propos on a déjà exprimé ici le drame que représente une traduction
insuffisante, dans le cas de Konrad Lorenz (aussi chez Flammarion, diffuseur de
J'ai lu...) : seulement, quand
il s'agit plus directement de science, la question des censures n'a pas le même
impact, car la cohérence d'ensemble des analyses en termes éthologiques fait que des pages sautées ou des
termes mal rendus n'empêchent pas aussi efficacement de retrouver le fond —
quitte à augmenter l'effort cérébral —. Le problème est différent pour Garrison
(bien que sa lecture soignée
exige vite papier-crayon et réflexion, usages devenus rares) : car cet
auteur est en général d'une extrême et resplendissante accessibilité, et c'est seulement à l'approfondissement que sa leçon exige un temps et des travaux semblables
à ceux nécessaires pour le meilleur de notre héritage. Hélas, faute de tels
efforts, notre époque retombe dans l'animalité pure, précisément l'absence de culture, partout. Or s'extraire de la routine peut éviter
des monceaux de morts inutiles et peut-être l'extinction de l'espèce
humaine : cela mérite un peu plus que vague méditation. Alors voici — en
renouvelant la recommandation de lire et relire un texte admirable —, un petit
guide de données.
Pour
commencer, une liste où figurent, pour chaque chapitre :
– son numéro en chiffres romains, soit N, puis
– en typographie simple, le nombre de pages,
allant d'une tête de chapitre à la suivante, dans l'édition de Garrison par
Penguin
– en italique, une approximation raisonnable de ce que cela
devrait donner (en très gros : une augmentation au moins de l'ordre de 20 à
30 %) en traduction française, compte tenu des différences (de nombre de
caractères par ligne et nombre de lignes par page, d'un côté ; de rendu en
général un peu plus long en langue française, de l'autre côté)
– en gras, le nombre de pages, allant d'une tête de chapitre à la suivante,
dans l'édition J'ai lu.
En
bref : pour dix pages de Penguin, on devrait avoir douze (ou en fait treize) pages de traduction, donc une liste d'entrées du
genre : N, 10 donne (on abrègera par d) [12,
(ou 13)].
[On
néglige d'inévitables distorsions, dues à la présentation, qui font qu'une différence
de deux (respectivement quatre) n'est pas bien significative pour un nombre
d'environ dix (respectivement vingt).]
Voici à présent la réalité expérimentale :
chapitre
I, 9 d [11, 7] (donc : 9 pages qui devraient [en donner au
moins 11 et sont réduites à 7]) ; et de même : II, 17 d [21, 14] ; III, 15 d [18, 11] ; IV, 17 d [20, 9] ; V, 18 d [22, 12] ; VI, 12 d [14, 11] ; VII, 14 d [17, 13] ;
puis
en seconde partie : (on va expliquer ces regroupements),
VIII,
12 d [14,
12] ; IX, 9 d [11, 7] ; X, 11 d [13, 12] ; XI, 12 d [14, 13] ; XII, 11 d [13, 8] ; XIII, 13 d [15, 12] ; XIV, 20 d [24, 20] ; XV, 11 d [13, 13] ; XVI, 12 d [14, 14] ; XVII, 12 d [14, 13] ; XVIII, 26 d [31, 34] ; XIX, 19 d [23, 23] ; XX, 24 d [29, 31].
Là-dessus :
A. Remarque de départ : on voit que le chapitre IV devrait donner 20 pages françaises ; il en donne 9... Or
quel est ce chapitre ? Celui consacré à Lee Harvey Oswald, soit d'après
la version officielle "le marxiste un peu fou qui a, tout seul, abattu de
trois coups de feu absolument hors classe le président de la nation la plus
puissante du monde, douée des meilleurs services de renseignement". En réalité,
Garrison
y démontre sans aucune contestation possible qu'Oswald, tireur nul, était en réalité
un agent double US
qui
a d'abord fait un séjour dans une base des Etats-Unis au Japon chargée de l'espionnage
de l'URSS par les fameux U2, puis un autre séjour comme "traître" en
Union Soviétique même, d'où il est revenu sans aucun problème au plein de la
Guerre Froide, chaleureusement accueilli à son retour à New-York par un chef du
contre-espionnage de Washington...
et
qui a été finalement inséré par la communauté CIA-FBI-ONI en Louisiane puis
Texas juste à temps pour se retrouver piégé dans l'assassinat de JFK.
Non
seulement une masse de preuves est
purement et simplement effacée de la traduction, mais des liens remarquables
entre CIA, financiers français de l'OAS et tentatives d'assassinat de de
Gaulle, particulièrement motivants pour des lecteurs français, sont soigneusement gommés !
B. De même, mais plus profond : tout le livre de Garrison, juriste hors pair, commence évidemment par les cumuls de documents, résultats
d'enquête, témoignages, pièces à convictions. Ce début correspond en gros aux sept premiers chapitres (d'où
les regroupements ci-dessus — le second ensemble faisant, à juste titre, la
part belle à l'histoire des pressions, calomnies, ignominies diverses dont ont été
victimes Garrison et son équipe, mais ce n'est évidemment pas aussi probant). Ainsi les éléments de jugement (premier ensemble) font environ
cent pages de Penguin, qui devraient en donner au
moins cent-vingt en traduction
or il en reste 77, je dis soixante-dix-sept, dans l'infamie de collection J'ai lu.
La splendide charpente d'arguments de Garrison
est réduite à un tas informe de pièces de bois.
Bien sûr alors, les censeurs se payent le luxe
d'une traduction parfois correcte pour la seconde partie du livre : la
plupart des (rares) lecteurs, pressés de courir aux seules conclusions, rateront
l'essentiel, qui est le caractère inattaquable et rigoureusement prouvé de vérité
établie ; ils se contenteront d'entr'apercevoir une "opinion" non
orthodoxe, et seront alors mûrs pour s'extasier sur la "liberté
d'expression" autorisée dans ce monde pourri. Ainsi fonctionne et se
perpétue la propagande du pouvoir, comble d'ignominie de sa part, avalisé par
la paresse, l'ignorance et la lâcheté cultivées complaisamment en ses victimes mêmes —
en somme, propagande tout à fait du genre "parole de dieu" !
Sur quoi, non seulement le sous-titre est changé
(Garrison écrivait : "My investigation and prosecution of the murder
of President Kennedy", l'édition française remplace par "Affaire non
classée", ça vend mieux) mais dans la ligne de leur honnêteté générale et
particulière les bonnes gens de la collection J'ai lu se gardent de mentionner "Texte intégral" :
il y a des juridismes qui peuvent servir... sans éveiller l'attention des
lecteurs !
On
faisait allusion un peu plus haut à la science de désinformation de l'Eglise, à
propos de Wikipedia version
française. C'est ici assez semblable, mais (repetitio mater studiorum) il peut être utile de redire que, si on veut désinformer,
il faut pouvoir brandir pour sa défense des éléments de vérité au milieu
d'infamies puantes ; il faut abuser de ce que seuls des lecteurs chevronnés
et attentifs parviennent à la compréhension de base : pour tromper efficacement
les foules, il est indispensable de mentir seulement par à-coups, et de ne s'y
acharner que sur des points centraux. Cela va avec le moteur même de la
trahison du texte de Garrison en édition "J'ai lu" : mettre en
place cette version française pour en éviter une honnête.
Prière alors d'excuser une longue parenthèse —
mais on va en revenir plus fort à Garrison — : c'est tout pareillement que
procède en France la voix de la finance notamment catholique, le journal dit "le
Monde". Peu de données sont
aussi exemplaires de cette poubelle antidémocratique que ses attitudes
1) sur Galilée, qui ne serait qu'un vague
imitateur du prêtre Copernic — en réalité la condamnation de Galilée au nom
de "la vérité catholique", comme disait l'Inquisition, s'est faite de
façon complètement vicieuse à propos des "centrismes" sur la Terre ou
le Soleil, alors que
d'abord
le repère héliocentrique était à peu près admis de tout le monde et assez
librement enseigné depuis la fin du Moyen-Age, à la suite de "la vieille
doctrine de Pythagore" mentionnée par les décrets inquisitoriaux — plus précisément
les travaux d'Aristarque de Samos, cf. par exemple et entre autres le livre de
Thomas Heath, Aristarchus, the
Greek Copernicus, 1913 : mais les ignares crapuleux sont inséparablement
ignares et crapuleux ;
ensuite
Galilée n'a pas manqué de se distancier des maladies de recherches "vaines
et oiseuses" qui consistaient "à chercher à l'univers un centre"
; mais les salopards de la bureaucratie vaticane avaient préparé piège et déplacement
du débat par un faux, versé au dossier de Galilée à partir de la
convocation à Rome plus de quinze ans auparavant, faux qu'attestent les minutes du procès et les
travaux de G. de Santillana
en
fait, la grande affaire était que Galilée fondait de façon définitive, avec une
audace et une précision jamais égalée, la méthode expérimentale, le principe démocratique de référence à ce qui
est accessible et contrôlable par tous, contre la référence
aveugle à des textes cumulant les faussetés et les absurdités, Aristote,
la Bible et Thomas d'Aquin plus particulièrement : il n'était évidemment
pas question pour l'Eglise de laisser seulement parler de ce fond central, capital, essentiel,
fondamental, et c'est cela qui explique et fonde l'abjection du procès à côté
de la plaque ; après
quoi des menteurs inventent toujours de nouvelles contorsions : ainsi la légende
qu'Urbain VIII, pape du moment, aurait en fait accepté le procès "pour
sauver Galilée" (du sort réservé à son prédécesseur en astronomie et
cosmologie, Giordano Bruno, brûlé vif en 1600 avec "indulgences"
gracieuses et particulières pour les bons catholiques et croyants sincères qui
soutiendraient la sainte institution en venant sur place applaudir à ce
meurtre, religion d'amour oblige et c'est l'Islam qui est violent, ben
voyons) — on n'arrête pas le progrès, en désinformation non plus, il faut que
j'arrête, ou je vais raconter encore Urbain VIII, débutant son commentaire de
la mort de Richelieu par les mots "Si Dieu existe" ... ! (comme
disait très bien Machiavel, pour être efficace il vaut mieux que le trompeur ne
croie pas trop lui-même à sa tromperie, si quelqu'un trouve que ça n'a aucun
rapport à l'intox j'écris ceci inutilement pour le quelqu'un)
2) sur Einstein, on peut songer à un article spécialement
honteux éructé par Maurice Arvonny sur la relativité générale — c'est drôle, parce
qu'en général, moins stupidement, les fidéistes attaquent Einstein sur la mécanique
quantique, où l'immensité de son œuvre et l'éclat de ses intuitions sont moins
connus et moins universellement acceptés : mais "le Monde" et ses plumitifs ne reculent devant rien
(pareille infection a atteint entre autres le mensuel intitulé "La
Recherche", dont par exemple un
directeur s'est efforcé de couvrir d'opprobre aussi bien la théorie de l'évolution
que le reste de la science actuelle et passée, carrière de menterie qu'il
poursuit à présent sous d'autres lambris)
3) et, parbleu et nous y revoilà, sur l'exécution
de JFK, avec rengaine éternelle sur Lee-Harvey-Oswald-tueur-isolé, contre toute
vérité, toute évidence, toute preuve, et ce tant à propos de l'affaire elle-même
qu'à l'occasion d'une "actualité" quelconque où doit être mentionné
le nom de Kennedy.
En somme : ne jamais s'occuper de ce
qui est documents — dossiers de vrais juristes comme données de la science et
de l'histoire, archéologie, paléontologie, acquis de la biologie en général et
de la génétique ou de l'éthologie en particulier —, ressasser les mêmes mensonges
et les mêmes faussetés, tuer, piller, voler, mentir, torturer, éliminer par la
terreur, le feu, le sang, prolonger les crimes sur des siècles et des siècles,
et ainsi maintenir la "vérité catholique" !
Sur de tels principes, comment voudriez-vous que
l'Eglise, Wikipedia ou "le Monde" admettent qu'on lise Garrison, le vrai, le merveilleux
Garrison ? N'est-il pas plus saint, pour le salut commun (de l'Eglise, de
l'encyclopédie "libre" comme l'école confessionnelle, et du "Monde"), que la sainte maison d'édition Flammarion
se charge de diffuser la charogne saintement préparée par J'ai lu, en castrant le texte de sa justesse au plus
admirable et au plus percutant ?
Qui pourra dire, alors que ces très saintes
gens ont réussi à monopoliser la version française, qu'ils ont effectué une
censure ordinaire ? N'est-ce pas, tout au contraire, une quintessence
exemplaire, actuelle et à long terme, un modèle de désinformation ?
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