1. Condorcet, le plus notable héritier
de Diderot, méditait déjà les risques de manipulation du suffrage universel à
une époque où il n'existait pas encore (cf. Actuel 107). Le détail de son
fameux "paradoxe" peut être compliqué à plaisir, mais l'idée de base
est bien simple : on va l'actualiser ci-après, il faut seulement un
paragraphe de préliminaires.
On ne cesse de dire et redire ici la
farce qu'est le vote sous contrôle et
fraude des media, sondages et ordinateurs. Ce qui rend cette farce possible,
c'est qu'il est bien plus facile de persister dans l'ignorance que de chercher
par soi-même
– d'abord l'instruction que l'école
de la République interdit
– et ensuite l'information dont le pouvoir
veut à tout prix écarter
comme
il est bien plus facile de discutailler à perte de vue pour placer des pensées
qu'on croit profondes ou étaler des données qu'on croit originales, que d'enfin
saisir et diffuser ce que les penseurs
de la grande Révolution française avaient déjà vu.
Certes, c'est la facilité qui a
(d'abord) du succès.
2. Ceci posé, voici la critique due à Condorcet, revue au présent. Il
faut surtout comprendre que le brigandage électoral doit, au lieu de programmes précis et d'engagements contrôlables,
comporter
– un éventail de candidats à un même poste de pouvoir
– et de nombreux critères de choix — car en affaires politiques,
il est très simple de faire saillir bien des sujets sur lesquels un accord global est rare ou très rare ;
on peut ainsi diviser et faire aller où
on veut : il suffit de laisser
de côté l'essentiel, les critères positifs
sur lesquels on pourrait cultiver et
mesurer l'accord (justice dans la répartition
des richesses, vérité dans l'information) et d'insister au contraire sur des critères négatifs, de rejet, par
exemple le "ah ! ceux-là jamais" de bien des traditions
familiales d'intolérance, ou des critères
mal ou non définis comme
"la" France (peuple, pays, ou au contraire dominants ?),
"nos" valeurs, etc.
A partir de là, la tricherie consiste
à mettre en lice certains candidats
par "parrainages", et à imposer des critères de choix délimités par les media total-financiers
avec martèlement de "débats" où les questions, grossièretés et
interruptions sont l'affaire de journaleux
prostitués. En outre, les règles du jeu sont perpétuellement réajustées
par le pouvoir : nombre de tours, astuces et pressions pour le maintien des
candidats d'un tour à l'autre, découpages de circonscriptions, etc. Il est
alors facile de pousser le pantin ou la marionnette de plus grande commodité
pour le totalitarisme établi. On peut même se payer le luxe de laisser à l'étalage
un mariole et quelques clowns : ça ne change rien au résultat, mais peut être
utile pour maintenir une vague apparence de "choix par les citoyens eux-mêmes"
— en fait, on sait parfaitement comment
ceux-ci vont encore s'égarer à tenter de trouver un impossible équilibre
entre votes "de protestation" et tradition populaire plus ou moins élaborée
pour toujours finir en abdication sous
prétexte de "vote efficace" et acceptation du seul pouvoir réel sous
l'une ou l'autre de ses diverses étiquettes dites partis de gouvernement
et c'est au bout de ces circonvolutions ignobles que, quel que soit le
pantin qui "triomphe", il se pose chaque fois en président "de
tous" !
3. Les détails de tactique à opposer à
ce brigandage dépendent en partie des contraintes locales, et on en a déjà
assez écrit : rester chez soi, aller voter blanc ou nul, surtout lutter autrement, fort, partout et
tout le temps contre le vote. En ce sens, d'abord
– il est déjà capitulard de voter pour
un individu, toujours plus ou moins douteux, sous prétexte qu'il sait pratiquer
le discours racoleur à gauche
– c'est aider à assassiner la démocratie
que de s'abaisser à voter pour qui que
ce soit parmi les mieux établis et financés
– il est fou, suicidaire, et enfin
criminel d'ânonner des stupidités du genre FN pour "changer" —
ni Hitler, ni Le Pen, à l'évidence au service de la grosse finance, et qu'on
voit toujours frétiller devant les flics chargés de faire passer par toutes violences
des lois scélérates de travail forcé, ne sont un "changement"
souhaitable !
4. Ensuite, s'il y a encore des millions de victimes pour se précipiter
à l'abattoir électoral, c'est la preuve de l'efficacité des manipulateurs et de
l'ignorance des manipulés — la preuve de la détermination des brutes et de
l'inertie grégaire des foules —.
Mais rien n'interdit, à chacun et à n'importe qui, de s'informer pour le voir, le faire voir et en sortir. Il y faut,
certes, du courage, du travail et de la bonne foi au lieu de la lâcheté, de la
paresse et de la crispation têtue et agressive soigneusement cultivées par les
mass merdia du MERDEF et de ses épigones. De
là résulte un principe d'action général, effrayant pour le totalitarisme
ambiant et déjà pratiqué de plus en plus volontiers, mais pas assez
consciemment, par les électorats : le refus de participer à cette mise en scène.
On l'a dit (Actuels 103, 107, 109),
on le répète et c'est de plus en plus vrai :
faire, c'est le contraire de voter.
Donc
encore une fois il faut, non seulement ne pas voter, mais s'opposer au vote autant qu'on peut, susciter des réunions pour
informer sur la réalité comme sur les tricheries du pouvoir, insister sur les
promesses jamais tenues, rappeler sans
cesse les échecs populaires perpétuels qui ont toujours suivi les élections :
l'histoire
depuis plus d'un siècle montre comment l'entrée dans l'arène électorale a mené aux fascismes et nazismes et à leurs conséquences
guerrières, dans l'impuissance et le désastre pour les pauvres et les justes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire