On avait déjà post-industriel et post-moderne, il paraît qu'on a post-vérité :
en effet, on n'arrêtera pas nos Göbbels dans leurs propagandes, et tout est
seulement un peu pire depuis les derniers Actuels sur le sujet (75 et 91).
1. Ainsi depuis Trump, beaucoup se perdent à tenter de trouver une
cohérence dans la politique des Etats-Unis : dans les luttes enchevêtrées des
clans les plus puissants outre-Atlantique, cela semble pour le moment passablement
vain. Par contre on peut contribuer à égarer davantage : un récent article
du Réseau Voltaire soutenait hardiment que Trump et Fillon étaient victimes parallèles
de lynchage médiatique pour leur lutte
anti-impérialiste...
Incroyable mais vrai. On se demande
en pareil cas ce qui peut se passer dans la tête de tels propagandistes (en
l'occurrence poutinistes). Quelle y est la part d'aveuglement, et la part de désir
de pousser toujours plus loin l'absurdité, comme en pub, pour parvenir à abrutir
et faire abdiquer toute rationalité ?
2. On assiste en France en ce moment à
quelque chose d'analogue en foutoir électoral. Le cumul de scandales, parodies,
palinodies et pantalonnades en série n'a pas encore éclairé tout le monde, au
contraire : ce serait plutôt le triomphe du délire. Là-contre, la seule réaction
juste demeure le vote blanc, comme
on a dit et comme on redira. A ce propos, viennent de sortir de bons textes sur
la rage des Cons-Cons (Conseil Constitutionnel) & Cie : car les pros
du juridisme, mesurant le danger pour eux de cette manifestation du dédain
populaire, tentent de la stigmatiser, de faire
un tabou du refus légal, simple,
actif, efficace et explicite du guignol des urnes. Répétons donc que,
contrairement aux affirmations de trompeurs et
récupérateurs (il y en a là comme sur tous les sujets)
– d'abord il est inutile de préparer
un bulletin, il suffit de remettre une enveloppe vide : elle est au moins
assimilée légalement au vote blanc
– ensuite c'est par une entourloupe
tardive que ce vote n'est plus décompté dans les suffrages dits exprimés :
c'est qu'il a été perçu par les juristes tel qu'il est, c'est-à-dire la signification d'un refus de tous les candidats, aucun n'étant
considéré comme apte à traduire la volonté populaire ; laissez donc
tricher les juristes et songez à ce que serait un "élu"... par 10%
des inscrits !
3. Sous
le titre "Loi relative à la sécurité publique : Un
Gouvernement prêt à tout pour satisfaire les forces de l’ordre !", la Commission
Nationale Consultative (CNC) des
droits de l'homme a publié un communiqué de presse où l'on peut lire :
Paris, le 23 février 2017 – Hermétique aux manifestations
contre les violences policières, le Parlement a adopté la loi relative à la sécurité publique, un
texte inacceptable dénoncé par la Commission nationale consultative des droits
de l’homme.
« Pendant plusieurs mois, notre pays a fait face à la colère des
policiers. Parallèlement, des manifestations se multiplient un peu partout en
France pour dénoncer le comportement des forces de l’ordre et l’impunité de
certains fonctionnaires auteurs de violence. Dans un tel contexte, s’insurge
Christine Lazerges, présidente de la CNCDH, la Commission dénonce un texte, qui vise à apaiser le malaise des
forces de l’ordre, mais qui va surtout renforcer la défiance de la population à
leur encontre, attiser les tensions et
contribuer à fragiliser encore un peu plus la cohésion nationale. » (la mise en gras des
derniers mots a été ajoutée ici, NdA).
Il
est vrai que la CNC est née dans l'élan de la Libération (1947), mais on se
demande comment, en Cinquième République, une instance officielle peut encore publier
pareil texte !
N'importe :
le fond est que le gouvernement, comme il est plus que fréquent en histoire,
s'occupe de pousser aux tensions, voire à la guerre civile, pour mettre à
l'abri des privilèges délirants, pour détourner de la lutte contre les insanités
que ces privilèges ne cessent de provoquer. Une note de la CNC (à la
fin du paragraphe recopié ci-dessus) donne pour exemple de ces tensions les "contrôles"
dans les zones dites de non-droit, dans les quartiers les plus pauvres :
mais on en a vu bien d'autres, loi-travail etc. C'est à de tels propos que se déchaînent
des propagandes tendant à scissionner en camps hostiles, les uns
et les autres aussi pleins d'incohérence et d'inhumanité que possible : mais
c'est un cas misérablement particulier, encore une fois, des procédés de
pouvoir partout et toujours. Ce sont ces
procédés qu'il est important d'analyser.
4. Un rappel d'abord à propos de l'affaire
Théo (qui faisait l'objet du précédent Actuel). Le crime commis n'est pas
ouvertement nié : mais dans leur propagande, des sources de mass media
très françaises (et très liées au totalitarisme financier y relatif) se sont
complues à insister sur la délinquance hélas fréquente dans les zones urbaines
misérables, et sur le fait que la famille de Théo ne comporte pas que des
"tendres" et des "enfants de chœur". C'est ensuite mis en
avant pour justifier des qualifications de "litigieuse" pour
l'affaire, ou "douteux" pour les personnages constituant les victimes
les plus évidentes.
Il
faut être net : si on considère que
la torture peut être appliquée sur appréciation policière, qu'on le dise.
Sinon, qu'on se souvienne et qu'on raisonne.
A
la fin de la guerre d'Algérie par exemple, la torture qui avait été utilisée
contre le FLN fut appliquée à des membres de l'OAS. Vidal-Naquet avait fait
preuve aux pires moments de courage contre des policiers et l'extrême droite
français : il se mit à dénoncer les nouvelles horreurs, dont
cette fois une part de l'extrême droite était victime, comme il avait dénoncé
les anciennes, "au grand scandale", disait-il, "de
mon organisation".
Il
ne s'agit pas de faire de qui que ce soit une autorité morale ne varietur,
et quand on s'est parfois heurté à la difficulté de faire entendre à
Vidal-Naquet la moindre critique, on ne peut le brandir comme un absolu de justesse :
mais ses mots, dans l'acte en cause, ont l'immense mérite de situer avec clarté
le cœur de la question. Car un humaniste n'a pas, contrairement à ce que
recherchent toutes les brutes de pouvoir, à "choisir son
camp" lorsque deux incohérences inhumaines se heurtent : il a à
rappeler la proscription de la guerre agressive et de tout traitement inhumain
ou dégradant. La torture n'est pas à autoriser contre qui que ce soit, encore
moins à la discrétion de policiers qui ne sont pas toujours étrangers à des répressions
politiques révoltantes et ennemies de tout principe démocratique. De là, il n'y
a pas à accepter le "terrorisme" qui tue des policiers chez eux ni l'incendie
de leurs voitures, comme il est faux
que les gens les plus haineux et dangereux se trouvent parmi des misérables :
souvent, ceux-ci ont été lentement et sûrement déchaînés, hors toute
instruction civique, en mafieux qui finalement servent le pouvoir (et parfois
s'y agrègent), comme les policiers
les plus déchaînés ont été incités à leur psychose par des
"formations" et des laxismes criminels. Les plus dangereux, les
plus haineux, les plus psychotiquement et incurablement inhumains, ce sont ceux
qui jouent de l'agressivité entre incultes et opprimés pour fomenter toutes les
guerres civiles et étrangères. C'est le témoignage universel en temps et espace
qui crie cette leçon-là.
Tout ce qui va dans le sens du mépris systématisé,
totalitarisé pour un des "camps" — en tentant d'agréger à un autre
des citoyens préoccupés en fait de vivre en paix, mais soigneusement
incités à la haine par désinformation en martèlement —, toutes ces propagandes sont des crimes
contre l'humanité. D'autant plus qu'elles sont manipulées avec une effroyable
efficacité : on en serait à 50% de policiers militant pour le F-Haine (contre
deux fois moins voici quelques années), et en face les taches hideuses de
trafiquants de drogue et autres escrocs ont dû croître dans des proportions
comparables.
Cependant,
face à ces "succès", il y a des gens qui demandent quoi faire...
et attendent en réalité qu'on leur dise pour qui voter !!!
Essentiellement : faire, c'est le
contraire de voter. C'est par exemple voir, et faire voir pour les dénoncer, d'abord toutes les
propagandes, puis plus encore leurs manipulateurs uniquement préoccupés
d'accaparer les richesses, et prêts pour cela à répandre et propager toutes les
misères, toutes les haines et toutes les guerres.
Accessoirement :
pour montrer que vous n'êtes pas pris dans le cirque grossier où ne parle que
l'instinct grégaire, votez blanc.
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