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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


lundi 8 janvier 2018

Actuel 121 Ferdinando Imposimato

                       Le juge italien Ferdinando Imposimato vient de mourir. Il a été des lutteurs à tout risque contre les crimes intriqués de mafia, démoniaques-chrétiens, extrême droite et OTAN, qu'il a largement contribué à dénoncer. Il fut aussi compagnon de route de Giovanni Falcone, l'un des juges assassinés par la mafia avec la complicité du gouvernement italien, spécialement services de renseignement et police. Ci-dessous seulement quelques volets de son aventure.
            Lorsqu'Aldo Moro, Premier Ministre, résolut de tenter l'alliance des traditions chrétienne et communiste en Italie, il fut convoqué par Henry Kissinger et averti que cela pouvait lui coûter très cher. On ne dispose pas de documents complets, mais Imposimato a pu rendre de notoriété publique que la décision d'exécuter ou laisser exécuter Moro, officiellement kidnappé par les Brigades Rouges, fut prise en toute connaissance de cause par le pouvoir italien de l'époque et ses pérennes antennes à Washington.
            En fait, tout l'itinéraire d'Imposimato le fit se rapprocher de la compréhension de la mainmise anglo-saxonne, plus spécialement CIA-Pentagone, sur l'Europe en général et Rome en particulier. Petit pauvre devenu juge, voué à la lutte contre le plus terrible banditisme (le crime organisé, privé ou d'Etat), sans cesse menacé lui-même, il perdit d'abord dans le combat son frère, tué par la mafia. Lorsqu'il reçut de nouvelles menaces de mort, concernant sa femme et ses filles, il fut obligé d'aller se jeter aux pieds d'une des plus retentissantes crapules mafieuses du XXe siècle : Giulio Andreotti, "fin théologien" comme disait le Monde, plusieurs fois Premier Ministre d'Italie, très lié aussi bien au Vatican qu'à la mafia notamment sicilienne et à l'OTAN (tout cela est presque un pléonasme) — Andreotti avait aidé Imposimato gamin pour l'obtention d'une bourse d'école primaire, et se fit un plaisir d'éviter au juge, sous certaines conditions, de nouveaux et terribles deuils...
            Mais on n'arrête pas si aisément un Imposimato. Celui-ci avait accumulé les dossiers montrant, bien avant les travaux de Ganser et d'autres, comment l'extrême droite italienne n'était qu'un tentacule de l'OTAN dans la guerre civile (les "années de plomb") qui tentait de faire porter à l'extrême gauche la responsabilité d'attentats sadiques et aveugles ensanglantant la péninsule tout entière, pour les besoins d'une répression antidémocratique féroce. D'où le combat d'Imposimato pour proposer dans son pays de sortir de cette alliance de meurtriers et tortionnaires saluée en "Communauté Internationale" par des media de la honte, cette organisation terroriste d'assassinats ciblés qui permet  aux "économistes" et aux manuels scolaires de nos contrées de s'extasier sur la remarquable "capacité d'adaptation" du capitalisme... Il est d'ailleurs tout à fait incontestable que, dans la longue succession d'immoralités socialisées qui fait une part considérable de l'histoire de notre espèce, le pur brigandage est sans doute l'une des "adaptations" les plus régulières et fréquentes : le système de corruption généralisé en capitalisme en est seulement l'exemple le plus récent et perfectionné.

                       Même Google dit Goeggels pourra fournir au lecteur attentif une liste intéressante des œuvres publiées d'Imposimato. Pour ma part, je placerais en tête Un juge en Italie, parce que ce livre ne put d'abord paraître qu'en français et en France : l'auteur, comme les éditeurs, avaient les plus convaincants motifs que sa sortie en Italie correspondrait pour le juge en question à un arrêt de mort sans préavis ni délai.


                        Il faut laisser dire ceux qui sous prétexte d'exiger du concret s'arrêtent à leur paresse, à leur lâcheté et à leur désir de se conforter dans l'impuissance : il faut donc se souvenir aussi activement que possible de Ferdinando Imposimato. Il faut le lire et le relire. Il faut diffuser les données acquises par son combat, contre les media de la honte qui traitent de complotisme toute évocation de vérité. Au nom de tout ce pour quoi il a encouru tant de dangers, il faut se servir de son travail pour aller plus loin au service du plus humain.

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