Souvenir pour des
anciens, et peut-être quelques autres.
Vers la fin des années 1970, une
mode spécialement infâme pourrissait l'esprit de nombreux jeunes :
"punk". Complaisance dans toutes les formes de saleté physique et
mentale, elle accompagnait, contre les espérances des années 50 et 60, un temps
de réaction avec la mise en place du chômage à l'échelle du monde — à ce propos,
déjà le sieur Giscard prétendait qu'on "voyait le bout du
tunnel" : quarante ans plus tard cela constitue toujours un fonds électoral,
dans le dévoiement de la volonté des citoyens —. En fait, dès cette époque tout
le monde pouvait savoir que les révolutions techniques, en particulier les
miniaturisations d'automatismes, menaient à des sociétés où le plus pénible du travail
productif pouvait être à peu près supprimé. Mais les cervelles momifiées de marxistes
s'enferraient dans l'espoir de prendre le pouvoir en enjôlant un prolétariat de
plus en plus évidemment inexistant : de moins en moins structuré, de moins
en moins important numériquement et politiquement. Avec leur ferme soutien, les
habitués de la manipulation des foules installaient la concurrence féroce entre
esclaves, et ainsi déchaînaient un accaparement des richesses qui ramenait des
siècles ou des millénaires en arrière. Aveuglement des marxistes comme inimaginable
barbarie des vampires, l'affaire dure toujours. Revenons à la mode
accompagnatrice.
Punk, donc. Dans les années
ainsi cataloguées paraissaient des B. D. vicieuses, comme une séquence où
l'on trouvait les images de flirt ci-après :
– sur le premier dessin, un gars
admire une fille aux profils très soulignés, se demandant comment la conquérir
– dessin suivant, il l'aborde en
brandissant un vague ver ou serpent, aussi laid et sale que lui et que le gros
trait noir du caricaturiste peut le faire voir, et en disant à sa dulcinée-to-be :
"regarde ce que j'ai trouvé ce matin dans mes selles"
– images suivantes, il déclare en
ouvrant vers le ver une bouche avide : "je vais le rendre à sa mère",
puis "gloup"
– sur la dernière image, on voit le
couple s'éloigner enlacé, tandis que s'échappe de la tête du mec une bulle
enchantée où l'on peut lire "ça marche !"
Pour
égarer politiquement, égarez moralement. Simplement change, à la surface, le
vent : suivant celui qu'ils croient utile, les pouvoirs prétendent plus ou
moins se référer à des valeurs humaines, ou au contraire se dévergondent dans
l'immonde. C'est dans ce dernier sens que Charlie Hebdo publie, depuis des années
à présent, des saloperies indistinctes contre tout et n'importe quoi :
cela permet aux navigateurs de ce torchon de faire sourire de quelques
caricatures sur l'Eglise ou le nazisme, tout en réservant leurs puanteurs les
plus nauséabondes contre l'Islam — bons soldats de la "guerre des
civilisations" chère aux néocons depuis le professeur Huntington.
Ainsi Charlie a vendu ces jours-ci
des ordures sur des images d'un tout-petit, noyé en Méditerranée avec ses
parents fuyant les guerres de l'OTAN. Je n'ai pas regardé les détails, et peu
importe. Je me souviens d'une autre horreur récente : il s'agissait de
faire oublier l'assassinat de plus de deux cents civils russes dans un Airbus, et d'éviter qu'on perçoive dans son énormité
le crime qui entraînait la mort de deux dizaines ou douzaines d'enfants. Charlie avait alors étalé un
dessin où on voyait un terroriste aux traits racistement caricaturés, cherchant
à s'abriter : dans une pluie de débris et cadavres tombés de l'avion russe
figuraient en bonne place les cadavres de
gosses. C'est typique de ce qu'un des journaleux du périodique appelait
d'un ton illuminé de "l'humour" — certain, déclarait-il, que les
musulmans en étaient aussi capables que les autres... —.
C'est typique de punk. Rien n'est
plus confortable que d'oublier ce qui se passe dans le monde pour prétendre
taper indistinctement sur les victimes et les bourreaux : cela ne peut
manquer de conforter les bourreaux, et d'égarer beaucoup de gens dans des débats
sans plus aucune cohérence. Je tentais de rappeler, au début de mon histoire
des religions (Actuel 74 pour ceux qui veulent voir), ce que l'Europe doit aux pays
d'Islam, par des soldats en 39-45 et par le surtravail d'immigrés après 1945.
Ce rappel n'est pas de l'islamophilie, c'est une part essentielle de vérité. Et il y a des sous-êtres assez
avortés humainement pour accuser les tenants de cette vérité de se ranger à "une
mode" : rétroprojection
comme j'aime à dire, inversion mentale
complète qui fait que le parti de mafieux et assassins se pose en victime,
et range ses ennemis en accusés des fautes les plus lâches qu'il commet lui-même. Punk.
On peut pousser plus loin. Dans le
choix de victimes du 7 janvier 2015 — et ne parlons pas du 13 novembre — ce
sont des innocents ou des Cabu et Bernard Maris, indéniablement marqués à
gauche, qui ont été exécutés. D'autres, du journal en cause, sont bien vivants,
soyez tranquille. Voilà pourquoi il n'y a plus à se gêner : on peut
s'amuser franchement des procès que s'intentent entre eux les plumitifs sélectionnés
pour survivre — ils se disputent les millions d'euros de dons qu'on leur a fait
après les attentats, en déclarant, parbleu, que "l'argent ne les intéresse
pas"...
Charlie immonde. Punk
Charlie.
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