Lecteur pressé, adieu.
Pour
qui sait au contraire ce qu'est écrire et lire et pour tenter d'être juste, d'abord
quelques rappels — il les faut parfois, ne serait-ce que pour repousser les
excités qui croient tout savoir et sont nés las de tout apprentissage sous prétexte
d'"action" —. On aura besoin de ces rappels pour juger.
En affaires de luttes politiques
— pour ou contre pouvoir —, on connaissait de longue date les neutres (en
marais), les méfiants, les pour, les ultra-pour, les contre, les extrêmes
contre, et les plus malins que tous les autres (en surabondance). Parmi les
plus organisés, il y a toujours bien entendu les profonds penseurs accrochés à
une foi dont le Verbe divin ou dialectique est LE guide ferme et fort, et dont ils sont les demeurés, fidèles.
Mais outre tout cela, il y a un apport spécial de notre temps dans des ambigus et surambigus,
anti-contre ou anti-anti-contre, tous ensemble, à la fois et en sens contraire,
évidemment ennemis jurés des confusionnistes, complotistes, conspirationnistes,
les uns des autres et réciproquement.
C'est
marrant — en un certain sens —. Plus l'ignorance, la sottise, la paresse, la lâcheté
et les autres formes de vice ou d'inertie se conjuguent pour empêcher de lire
et de communiquer dans ce qui compte au présent, moins apparaît la référence au savoir et à sa diffusion. Nous
sommes dans un vacarme de sonos interférentes et de fatras en jungle, où les
plus proches ne sont pas les moins enclins à s'envoyer des croche-pieds, et
c'est dans ce foutoir qu'il faut rappeler l'existence de boussoles, de repères
et d'éclairages.
Or
il existe une façon systématisée de faire appel à l'ensemble des expériences,
science et histoire. Cela s'appelle la méthode
expérimentale. Cela enseigne à s'efforcer de trier le plus important en
s'aidant des meilleurs exemples, et à faire passer en priorité le progrès du
plus grand nombre possible — au lieu d'aligner des faits pris au hasard ou
astucieusement choisis pour "démontrer" n'importe quoi —. Cela désigne
comme ennemi principal les accapareurs de tout poil, que ce soit en parade ou
autre folie de domination venue des hordes de primates. Cela fait aussi
comprendre que ces accapareurs sont facilement admirés, quand ce n'est pas adorés,
dans des comportements de foules trop
souvent et aisément ramenées à l'animalité, expression ardente de passion au
lieu d'étude et de raison.
Il
faut en somme dégager une "symphonie (pour un) nouveau monde"... au
milieu des cacophonies. Le travail en cause est simplement, dans les excitations
et les bruits du jour, un peu plus difficile encore qu'à l'habitude.
Donc, il y a eu tout à
coup projection d'un film de même titre qu'une chanson — "Merci
patron", sans grands contenus ni audaces, c'est encore bien gentiment dire
—. Puis il y a eu tout aussi subito, et on
est loin d'en parler comme il faudrait, une loi d'une insolence rare contre les véritables créateurs de
richesses — que ceux-ci soient ouvriers, personnels de soins et enseignement,
ou employés à des rôles plus ou moins orientés vers un juste partage des biens
sociaux : ce dont on est plus loin
encore de parler comme il faudrait.
En tout : d'un côté, de justes
colères de citoyens ordinaires couvent, de longtemps ; de l'autre côté, un
véritable crime juridique est offert en prétexte à exprimer les colères
anciennes. Qu'on pense alors à ce que
peut être la stratégie des criminels ou, comme on dit, des pouvoirs.
Pour nous progressistes, il n'est
pas question de s'en prendre aux colères et aux citoyens. Mais ceci posé, la
suite est moins simple, car on ne perçoit pas forcément et immédiatement vers
qui et quoi se tourner, pour ne pas se faire voler son sentiment du juste. En rêve,
il faudrait d'abord qu'un enseignement obligé s'occupe de diffuser pour tous ce qu'on sait de la manipulation des foules (surtout au siècle
de télé et autres) et des férocités et
sadismes des dirigeants et laquais : c'est-à-dire qu'il faudrait faire
prendre clairement conscience de ce
que pouvoir signifie. A défaut cependant on peut, dans cette ligne, éclairer le
plus urgent et le plus long terme.
Essentiellement : les caractères de déclenchement volontaire
et conscient d'un évènement, que ce soit de la part des tyrans ou des victimes,
ont moins d'importance que l'occasion offerte et ce qu'on peut en tirer. En
ce moment, il y a certes trop et bien davantage d'hésitations, de contraintes,
et d'étiquettes infâmes de "démocratie" — en fait démagogie de rues
et de places — : mais il y a aussi des foules incontestables de gens qui cherchent à échanger et forger
l'indispensable utopie. Il est certes lamentable que des salopards et des
imbéciles fassent croire qu'on peut partir de rien pour élaborer et
construire : mais si personne ne parvient à rappeler les splendeurs de l'héritage des Lumières passées, des
tentatives révolutionnaires plus ou moins abouties, des acquis et des erreurs,
ce n'est pas la faute de ceux qui cherchent à échanger et forger. Il revient
donc à ceux qui savent quelque chose de ne pas se laisser arrêter par des attributeurs
de parole aléatoires et ridicules.
Il n'est pas difficile de commencer
par dire que la révolte contre un
pouvoir totalitaire a connu déjà quelques épisodes. Il faut sans doute
aller plus lentement pour rappeler que divers installés de la "révolution
permanente" ne valent pas plus cher que les installés des violences
d'argent. On propose ici quelques données pour aller, de là, aussi loin que
possible.
Plusieurs
articles furibards contre les mouvements actuels en France ont été publiés sur
le Réseau Voltaire et globalresearch ou mondialisation.ca. Il y a du méditable,
du délirant et du sale. Il faut faire la part de chacun de ces éléments.
Sur le Réseau Voltaire, Meyssan en
particulier voit la même main (les manipulateurs du CANVAS : en fait les
services secrets d'Outre-Atlantique) derrière les mouvements français et derrière ceux des printemps arabes ou de l'Ukraine
entre autres, avec les renversements et mises en place de dictatures
correspondants. Quand on se souvient du merveilleux "Z" de Costa-Gavras (où il est dit : « Il faut toujours s'en prendre aux [services
secrets] américains — si tu ne sais pas pourquoi, eux savent »), on
n'est guère choqué par des accusations contre Washington. De là à s'en prendre assez
indistinctement aux gens et aux meneurs, il y a un plongeon de sottise — ou un
besoin urgent de fonds venus de concurrents de la CIA (RT), et qui n'ont pas
forcément meilleure odeur... Mais voyons.
Il y a, c'est vrai, parmi les gens
(mis) en vue du mouvement, des douteux — au moins —. Sur ce site-ci, et depuis
longtemps, on a cherché à remettre à leur juste place des affaires comme ATTAC
et le Monde Diplomatique :
toutes gens qui ont pour culture philosophique celle qui est enracinée en
université, et qui donc ignorent parfois bêtement et parfois ignoblement l'inséparabilité
de science, histoire et philosophie. Il y a d'abord le plus énorme :
l'infamie de base du Diplo dans ses
mutismes sur les évidences acquises à propos des crimes du 11/9/2001. Mais ce nœud
historique est inséparable d'attitudes en science, et il est instructif de lire
ce qui figure dans les archives du Diplo
sur l'éthologie, ramenée à un "racisme scientifique", ou sur les théories
du cerveau ; il est éclairant d'y voir la place réservée aux débats sur le
plus grand physicien de l'histoire, Einstein, et sur sa lutte pour un
socialisme humaniste à travers les cyclones d'automatisation et
miniaturisation ; il est significatif d'y suivre l'absence de prise en
compte des progrès sur la notion de valeur en économie après les tentatives
marxistes et anarchistes, puis les réactions des écoles keynésienne et
positiviste.
De même cela vaut la peine d'un côté,
dans l'héritage récupéré de Maspero par les éditions de La Découverte, dites Diplo
bis, ou dans les archives du journal, de rechercher les analyses sur le
livre-monument de Baran et Sweezy, puis de retrouver ce qu'ont fait, en face et
en symbiose, les petits copains staliniens (et trotzkystes), de constater qu'il
y a encore des abrutis pour regretter Thorez, Marchais et les autres stérilisateurs
de progrès tous azimuths — tout cela en parallèle aux étrangleurs résiduels
althussériens qui vont chercher l'universalisme dans Saint Paul de Tarse...
C'est comme ça depuis Hegel, et
quand on sait à quel point Hegel est un théologien ce n'est rien qui doive
surprendre : une sorte de
haine respectueuse unit en pratique chrétiens
et marxistes dans la psychose hallucinant qu'ils sont seuls à valoir qu'on
parle d'eux, et ce ne sont pas des "liens qui libèrent" qui changeront
le recours à une foi et l'insuffisance de fond sur la mise à jour du savoir...
Cependant
cohérence, c'est cohérence.
D'un côté, il est impardonnable que
les gens du Diplo aident à faire
silence sur les monstruosités du 11 septembre 2001, aussi impardonnable que leurs
infamies sur la science : car ce qu'ils font voir ainsi, c'est que leur préoccupation
est de parvenir à leur tribune dans
le système, bien davantage que de vérité pour tous. Ceux qui couvrent Lorenz d'opprobre à partir de ses fautes et
de ses crimes devraient aussi dire l'immensité de ses apports, comme ils
devraient laisser les êtres et les peuples accéder à tout le vrai, historique et scientifique, au lieu de naviguer pour
se placer et de prétendre décider ce que les êtres et les peuples doivent
savoir.
Mais de l'autre côté quand, comme
Meyssan, on laisse en exhibition des semaines durant les saletés rédigées sous
la signature de Diana Johnstone à propos de Dieudonné ou quand, comme Meyssan,
on se vante de ses accointances avec des ayatollahs du délire iranien (voire
avec Soral sous prétexte d'anti-impérialisme), on perd le droit de critiquer le
Diplo et on se range parmi les trop
nombreux auteurs qui ne disent une part de vérité que pour en dissimuler
d'autres :
c'est-à-dire que tous étranglent LA vérité
— la seule : la GLOBALE.
En résumé, il y a des manipulateurs dans un sens, et puis dans un autre
— et en fait bien d'autres qui cherchent à parvenir dans ces tourbillons
(Varoufakis). Il faut se moquer d'eux, qu'ils soient du bord qui trouve
astucieux de ménager les plus gros criminels (dirigeants des Etats-Unis,
CIA-Vatican et "atlantisme") ou qu'ils soient du bord qui espère un
appui progressiste du côté des tares héritées des marxismes — milliardaires
russes et chinois —. L'important, c'est
de pousser à ce que des gens de tous âges et de toutes origines sociales se
parlent de plus en plus, et découvrent au plus vite la relecture de l'expérience
acquise comme leur plus urgent besoin. Le plus sûr de la science et de
l'histoire, tant de fois repris ici, peut être présenté d'autant plus
simplement qu'avec le temps cela s'épanouit et se synthétise de mieux en mieux.
Ce n'est d'aucun bord : c'est le bien de tous — sauf des psychotiques du pouvoir,
et c'est tant mieux —.
Le malheur inévitable, c'est d'abord
la crainte du vrai — le refoulement qui fait qu'on oublie le dressage religieux
ou national de son enfance, le refoulement de la raison au profit de réactions
inconscientes et incontrôlées —, ensuite qu'on s'empresse de se dégoûter de la
politique parce qu'on y voit trop de manipulateurs. Aux progressistes de faire
surmonter les refoulements et les dégoûts. Tout ce blog — au fait :
accessible depuis un simple smartphone — ne cesse d'en rappeler des moyens.
Certes il faut faire mieux, plus direct et plus court.
On vient de le retenter. On y
retourne ailleurs — là où "ça parle".
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