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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mardi 3 février 2015

Actuel 76 MAIF & Rifkin


Pour sourire un peu...
Le périodique de janvier 2015, distribué aux adhérents de la MAIF, reproduit en traduction une interview accordé à la mutuelle en novembre 2014 par Jeremy Rifkin à propos de son dernier livre : il y déclare la fin du capitalisme parce que bientôt beaucoup de gens pourront produire eux-mêmes des joujoux gratuits. Les potes à qui j'ai déjà parlé de ma réaction (vive) se sont fichus de moi sur le thème "Alors Avra, on suit le buzz ?" Je réponds d'abord un peu en renvoyant à deux textes d'il y a bien des années, ce qui n'est pas buzz, et gratuits, répétons-le :
c'était dans l'immortelle revue V&L, accessible dans son intégralité ou presque par les liens ci-dessus et par les liens de ce blog — donc gratuitement, SI vous disposez d'un ordinateur, du temps et de la culture qu'il faut pour lire ces travaux et y comprendre quelque chose —. On lit dans ces deux références déjà bien des choses sur Rifkin — et sur une préface d'un ancien chef de gouvernement français qui fait sans doute partie des très influents personnages de son public (les "nombreux chefs d'Etat" dont notre auteur est conseiller, à ce qu'il dit modestement).
V&L exposait donc déjà, à cette époque lointaine, des choses qui sont devenues depuis encore bien plus actuelles et sinistrement ignorées, notamment la primauté absolue du politique sur l'économique dont Marx (avec excuses et atténuations) n'a finalement guère tenu compte, et à laquelle les marxistes (sans aucune excuse désormais) n'ont rien compris : l'histoire de l'humanité n'est pas celle de la lutte des classes, ni affaires de rapports entre forces productives et rapports de production, mais celle de la lutte entre savoir et pouvoir — c'est-à-dire bataille entre prise de conscience rationnelle et au contraire déchaînements irrationnels tels que guerre et volonté de pouvoir, bataille entre prise de conscience des nécessités de socialisation (à terme fraternité humaine), et au contraire refoulement de l'animalité grégaire et agressive en constructions INconscientes, barbares, jusqu'ici très fortement majoritaires dans l'épouvantable aventure de notre espèce.
Autrement dit, les féroces actuellement au pouvoir peuvent bien laisser des gens de culture rare jouer assez finement avec des logiciels pour produire des joujoux gratuits : mais d'abord ces féroces font tout pour que les gens de culture, et leur culture, demeurent rares ou deviennent rarissimes. Ensuite, avant de laisser produire des hôpitaux, des écoles, des autoroutes et des réseaux télématiques performants gratuits, ces brutes auront monopolisé la production des ordinateurs, des logiciels et des serveurs de telle façon qu'ils garderont les peuples à leur merci, notamment par l'extension d'esclaves consentants dits commerciaux et de hordes "de l'ordre", du seul qu'ils acceptent : leur ordre où, tant qu'ils auront le pouvoir, rien qui permette l'expression assez large de la volonté démocratique et populaire ne sera jamais gratuit mais, tout au contraire, demeurera ce qui est le plus dangereux, des dangers les plus mortels.
Contrairement au très-bien présentant sieur Rifkin, ni sous mon pseudo — "redire" — dans ce blog, ni sous mon nom dans la revue déjà dite, je n'ai jamais conseillé ni cherché à conseiller quelque potentat que ce soit. Tout à l'opposé de telles fréquentations, chacun de mes lecteurs peut voir que Rifkin se trompe totalement ou veut tromper incroyablement, s'il imagine ou veut faire imaginer une seule seconde que les rapports de pouvoir vont s'éliminer magiquement par "abaissement des coûts marginaux" : c'est se foutre purement et simplement de la gueule du monde, de tenter de faire rêver à un monde meilleur de par les "contradictions" (simplement économiques en plus !), du monde actuel, réel.
Il fut un temps — celui des fondateurs — où les sociétaires de la MAIF, avec plus ou moins de netteté, sentaient assez fort de telles choses pour inciter à la lutte politique : la lutte pour qu'une majorité de plus en plus large de citoyens se dresse contre le pouvoir, contre tous les potentats. Ces temps semblent révolus : du moins des interventions comme celles de Rifkin, et la souscription à sa publicité par la MAIF, les éloignent du présent de manière accélérée. Il faut donc compter sur bien autre chose : heureusement la vie associative ne s'arrête ni à la production de joujoux gratuits, ni à la chefferie actuelle de la MAIF.

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