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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


lundi 2 février 2015

Censuré 2 Censure en sociologie


Ce sera donc une cinquième partie de ce blog...
Il y a maintenant plus de cinquante ans que je tente de faire entendre des acquis historiques et scientifiques dans des domaines différents. Presque toujours (mais un "presque" à 99% ou plus), les "spécialistes" au pouvoir, mis à la torture par mes rappels de faits et données, ont interdit mes publications sous des prétextes et à travers des malhonnêtetés assez variés, aboutissant toujours à la claire censure qu'est le refus de laisser passer un texte de compétence véritable, en s'opposant au désir très clairement exprimé, et bien souvent réitéré, de l'auteur. A présent que j'ai enfin quelques lecteurs, il semble que ce ne soit pas mal de tenir un journal de bord de ces étranglements. Ce sera l'objet de cette cinquième partie. Le texte "Voir clair et (Inter)net", censuré sur agoravox, mis en ligne sur ce blog en janvier (avant la garde à vue de Dieudonné) sera considéré comme "Censuré 1". Ici, c'est de sociologie qu'il va s'agir.

Le 17 janvier dernier avait lieu, à la Bourse du Travail à Paris, une réunion prétendant à l'expression de "Sciences sociales critiques". J'ai pris contact, expédié un texte. Conformément à un procédé ordinaire de muflerie des censeurs, je n'ai reçu en réponse à mes envois que certaines circulaires : ces gens ont toujours trop à faire quand il s'agit d'autre chose que de faire mousser leurs petits copains, ou eux-mêmes. Je ne peux donc accuser personne avec assez de précision, mais je connais assez l'étroitesse de vue des marxistes comme des partisans de la bourdieuserie pour n'avoir aucun mal à saisir les motifs de silence à mon égard. Seulement, j'avais passablement (re)travaillé, et une part de ce travail me paraît assez valable pour être reprise ici.
Je voulais, sous le titre "Ethologie, base nécessaire de sociologie" proposer une fois de plus à des sociologues de penser un peu à l'énorme apport — pour le moment seulement potentiel hélas — de l'éthologie à leur discipline. Voici d'abord le "chapeau" de mon envoi (12/12/14) :

« Les organisateurs de la réunion sur sciences sociales critiques du 17/1/2015 posent "trois questions" qu'on récrit ci-après, et dont on propose déjà des éléments de réponse — de façon abrupte pour faire court :
– "pourquoi ne sommes-nous pas assez entendu-e-s ?"
en bonne part certes, parce que les oppresseurs savent le danger pour eux des critiques sociales, et les étouffent de leur mieux ; mais aussi parce qu'actuellement ces critiques ne se font assez fortes ni en langage (à portée de foules) ni en assises (en extrême et large exigence de science)
– "en quoi sommes-nous critiques ?"
trop d'un système d'économie particulier, pas assez des injustices criantes des pouvoirs en général et de leur origine bestiale, irrationnelle
– "que faire ?"
nous fonder sur les connaissances scientifiques en général, éthologiques tout particulièrement, et à partir de là retrouver l'unité révolutionnaire du savoir et de l'action.
Pour cela, en résumé : replacer l'humain dans son héritage animal éclaire immédiatement les tendances grégaires et "agressives" (en fait expansives) à la base de toutes les sociétés animales et humaines, loin en amont des descriptions économaniaques ; cela fournit des moyens neufs, extraordinaires, d'une vue commune des choses, et ainsi permet de rassembler des gens donc rassembler des forces, au lieu de se perdre en perpétuelles scissions dialectiques. »

Ensuite venait une introduction destinée à rendre certains fondements bien nets, et ainsi à ne pas offrir trop de prise à des prétextes de "lecture rapide" :

« Pour éclairer d'abord la réplique à ce qu'il y a de plus profond dans ces trois questions, le plus simple est sans doute de citer les paroles d'un spécialiste (notamment de la troisième question) dont on n'a pas retenu les meilleurs côtés : « sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire » [j'avais cru inutile de rappeler l'auteur : Lénine]. C'est un peu pareil de dire qu'en toutes affaires qui touchent de près à la politique, pour rassembler des forces il faut rassembler des gens, et la vue, ou théorie, commune est là pour ça. Au contraire
– s'il y a des sursauts, en Grèce et en Espagne et de façon plus ou moins locale en mille autres lieux, mais qu'il n'y a pas coordination
– ou encore si on ne tient compte des bouleversements de la science ni en physique donc en techniques de production (automatisation) ni en matière de comportement donc en techniques de manipulation (que ce soit par formation de paramilitaires, par media ou par benchmarking)
– bref si en tous domaines de l'activité humaine on manque à la mise à jour de relations cohérentes entre êtres et faits, si on en reste à des pseudo-synthèses et des formules d'indignation où des dialectiques prennent systématiquement le pas sur les réalités et les analyses les plus saillantes des derniers siècles
il ne faut pas trop s'étonner de l'état du monde et de l'impuissance actuelle des progressistes. On ne rattrape pas cela en quelques minutes : mais on peut, comme toujours en affaires de savoir, donner beaucoup de pistes en peu de temps à ceux qui sont d'accord pour vérifier et réfléchir.
[Il faut donc une mise à jour encyclopédique, et même le simple rappel de cette exigence n'est pas vite dit si on veut montrer un peu où s'adresser. On y renoncera ici, en renvoyant à
Dans ce qui suit, on va se contenter de viser ce qui cause en ce moment, chez les progressistes, le retard accumulé le plus terrible : la censure à propos de la science du comportement, ou éthologie — d'abord éthologie humaine, mais ensuite évidemment éthologie politique —. Cette censure se manifeste aussi de façon psychanalytique, car il n'est pas simple de regarder en face les barbaries de l'histoire. Pour situer les choses en quelques mots : rien de spécifiquement humain ne peut seul expliquer l'inhumanité dans les développements de notre espèce. Par contre les moteurs dits instinctifs (certes élaborés, mais sans le contrôle proprement humain d'équilibre rationnel avec empathie) éclairent immédiatement l'étendue et la contagion de l'horreur historique, présente en particulier. »

Ici venait une citation de Lorenz, particulièrement admirable en la matière :

[L'évolution est un fait] : auréolé d'une puissance convaincante absolue, d'une beauté enchanteresse, d'une grandeur qui bouleverse d'admiration. Quiconque le saisit ne risque pas d'être écœuré par la reconnaissance, due à Darwin, que nous partageons avec les animaux une commune origine, ni par la découverte, due à Freud, que nous sommes encore menés par les instincts de nos ancêtres préhumains. Au contraire, ce savoir inspire de nouveaux sentiments de respect pour les fonctions de raison et de responsabilité morale survenues au monde avec l'humain et qui, pourvu que cet humain ne s'acharne pas à la dénégation aveugle et arrogante de son héritage animal, lui donnent le pouvoir de le contrôler.
(K. Lorenz, Sur l'agressivité, ch. XII, d'après la traduction anglaise de M. Latzke, éd. Methuen, Londres 1970 — p. 193)

Puis étaient repris quelques fondements d'éthologie, dont les "quatre grands" moteurs de comportement avec leur expression dans l'espèce humaine, en insistant sur l'ordre d'apparition de grégarité et agressivité. Il était répété que le moteur agressif « est dans notre espèce explosif (voire différencié) et bien sûr ouvert à des raffinements sociaux bouleversants, ce qui implique une censure, un refoulement psychiatrique qui fait paraître ténus les tabous sexuels. » Mais surtout, il s'agissait de réordonner et préciser (cf. dans ce blog Actuel 68) que l'expérience d'Asch est une démonstration de la grégarité, celle de Milgram une preuve sinistre de l'agressivité, humaines. En soulignant quelques incidences aussi considérables que méconnues de ces poussées et pulsions, j'écrivais :

« Voilà l'éthologie politique. Or des ignorants empressés refusent, refoulent cet apport énorme de science qu'est la priorité naturelle de l'animalité, sous prétexte, comme toujours, de dignité humaine spécifique : et en réalité ils ne font qu'empêcher, comme toujours, la prise de conscience expérimentale — et donc, à partir de là, l'élaboration la plus humaine qui soit —. Même, si on parvient malgré les faux humanistes à éveiller à l'intrication inévitable, large, de science ici éthologique et philosophie, leur mauvaise foi est assez têtue pour se rabattre sur la rengaine que la conscience des déterminismes fait courir le danger de décourager, démobiliser "les masses" — tandis que le danger de mentir au moins par omission, tromper "les masses" en cause, et refabriquer ainsi quantité de mages ou clercs et bureaucrates totalitaires, les gêne rarement : expériences faites et refaites.
Cette sorte d'opposition à la vérité ne devrait pas valoir plus que quelques haussements d'épaules. Mais plus loin, faire voir et saisir le personnel politique actuel et des réactions trop fréquentes de foules dans leur animalité fondamentale (leur bêt/ise) est déjà bien plus fort et immensément plus fécond qu'une vague condamnation morale. Malheureusement en notre temps, de façon très générale, la compréhension proprement éthologique de grégarité et "agressivité", puis son exploitation dans les mouvements de foules avec subversion de toute liberté un peu organisée, est utilisée par la réaction politique et ses agents
– de CIA ou MI6 à Kiev ou au Caire, dans les Etats musulmans, en Irak ou Afghanistan ou Syrie etc. comme en Ukraine, mais aussi en Grèce ou au Venezuela
– d'infiltrations en syndicats comme en "messages" des media
– etc.
Par de tels crimes, en particulier à l'échelle de l'Europe mais en fait partout dans le monde, on vit actuellement un renouveau de fascismes et fanatismes : cela montre l'urgence de savoir lutter contre les pulsions animales primitives. Alors, les establishments mandarinaux doivent-ils indéfiniment priver les progressistes, les humanistes véritables, de se servir du savoir notamment éthologique contre la guerre, sociale ou militaire, et contre les brutes ?

Si on a lu le texte ci-dessus, il est difficile d'éviter certaines conclusions : dont la nécessité d'écoles progressistes, aux formes multiples, pour une mise à jour des connaissances. En particulier, il est plus que temps d'envisager pratiquement et théoriquement ce que représente l'obsession économaniaque et l'impuissance qu'elle entraîne sur les affaires essentiellement politiques. Tout cela implique beaucoup de travail de compréhension et de relation, en commun avec beaucoup de gens. Les indications et références ci-dessous ont été élaborées pour y aider : pour permettre de retrouver au plus vite l'unité révolutionnaire du savoir et de l'action. »

Une brève orientation bibliographique achevait la présentation. Tout cela ne faisait guère plus qu'inciter une fois encore à enfin lire et faire lire Lorenz en vue de son immense portée politique — et sociale ! Réaction de "sociologues" : censure.
Il est caractéristique, et lamentable, de rencontrer une fois de plus chez des gens qui paradent, non seulement en intellectuels, mais en critiques, les traits accomplis de leur portrait tel qu'il est brossé ici en Actuel 73...

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