bienvenue, welcome, welkome,etc

Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mercredi 16 mai 2012

Actuel 13 : De la nazification de la France


La manipulation d'opinion passe par une infinité de canaux et traîtrises dont il est vain d'espérer faire la liste, à force de le savoir on risque d'attirer l'attention sur des points annexes et de perdre de vue le plus considérable : c'est vrai. Ce plus considérable est l'injection léthale mass-médiatique, en particulier télévisuelle, et peu de gens en mesurent l'impact réel : c'est vrai. Du moins cela est-il présent dans la conscience de beaucoup.
Il n'en est pas de même de dévoiements plus subtils : ce texte-ci voudrait y faire songer.

Le Ministère de l'Intérieur s'est acharné, contre toutes données convergentes, à maintenir le succès de François Hollande très très près de 50% jusqu'à tard dans la nuit. Le procédé peut être remarqué par tous ceux qui ont suivi sur des décennies les présidentielles : il faut expliquer cela.
Pour les gens du totalitarisme financier, quoiqu'il advienne, une liesse populaire éventuelle doit être bridée par tous les moyens, et plus généralement il faut interdire qu'une expression de volonté générale se fasse clairement jour. Donc il faut éviter l'"effet d'annonce" trop agréable et marquant, en cas d'élection qui va vers la gauche (et pourtant, quelle gauche !) : le Ministère de l'Intérieur maintenait donc encore, vers 22 heures dimanche 6 mai, que les voix Hollande seraient au-dessous de 51% (50,96 : histoire que Sarko paraisse dépasser même les 49).
De tels efforts de tout niveau vont ainsi dans le sens d'une maîtrise des consciences et des votes : dans le même genre, il faut que la "démocratie" soit équilibrée 50-50 entre
– d'un côté ceux qui restent conscients, par la dureté des oppressions, de l'intérêt social
– et de l'autre côté les abrutis qui se veulent du parti des chefs et par là un peu chefs eux-mêmes :
car il faut que les privilégiés du fric puissent faire pencher à leur gré la balance du côté qui à long terme sert le mieux leurs intérêts. C'est cela, la fameuse alternance : lâcher de temps en temps du lest, et repartir vers l'oppression brutale, voire le fascisme chaque fois que besoin est.
De même encore, il faut écarter tout ce qui montre une capacité de réflexion hors système : le feuilleton des silences sur les abstentions n'a pas de fin. Ainsi les chiffres nationaux de suffrages, sur ce plan de loin les plus expressifs, sont en grisé fort peu visible dans un coin de page 2 du Monde : tandis que le Ministère de l'Intérieur, le Parisienl'Express et cent autres s'empressent de vous soûler des résultats par régions... Pourtant, à ce qu'on peut savoir, le Président de la République est président d'une République une et indivisible, dont les découpages administratifs sont seconds ou tiers par rapport à l'enjeu national. Là-dessus la réalité en cause est éclairante, c'est la suivante (officielle et reconnue lundi matin) :
– Inscrits 45 226 728
– Votants 36 646 797
– Exprimés 34 507 351.
D'abord : une appréciation de la signification des "inscrits" suppose qu'on pense aux quartiers pauvres, où l'inscription électorale n'est pas considérée comme une urgence par la plupart des déshérités, et du côté officiel on oscille, depuis toujours, entre la quête de légitimité et la propagande pour que les gens entrent dans le système, et au contraire l'exclusion officialisée par la non-inscription.
En tout cas l'abstention est calculée d'après la différence entre inscrits et votants, alors que les pourcentages établissant la victoire le sont sur les suffrages exprimés seuls. C'est ainsi qu'on arrive à
Inscrits – Votants = 8 579 631
soit 8 579 631, qui divisé par 45 226 728 donne 18,97% d'abstentions complètes
en "oubliant"
Votants – Exprimés = 2 139 446 blancs ou nuls (record)
soit plus de deux millions de votes actifs refusant de choisir entre les candidats du système ! En additionnant aux abstentions, on voit que 23,70% des inscrits ne participent pas à la légitimité à ces candidats — et si on revient à l'absence d'inscriptions il n'est certainement pas exagéré de parler d'un quart au moins des citoyens.

Il faut se servir de cela. On y a insisté, dans ce texte-ci dès le départ, et bien des fois dans ce blog : il y a terreur et haine du totalitarisme financier pour des mouvements démocratiques véritables.
Parmi d'autres cas spécialement parlants, il y a eu le contournement du suffrage universel à l'occasion du referendum sur la Constitution "européenne" ; il y a eu aussi le cas de la Grèce, où un mot de Papandréou évoquant un referendum a suffi à son élimination. Ces expériences trop éclatantes, cuisantes pour les capitalistes mondiaux, les conduisent à se méfier du simple usage de télé & Cie.
Pourtant cet usage a fonctionné remarquablement dans la présidentielle française, où les dix (dix) points d'avance de Hollande sur Sarkozy ont été réduits à trois (trois) par des provocations efficaces : il y a eu l'affaire de la tuerie de Toulouse-Montauban, où les Pasquarcini se sont montrés sous leur vrai jour ; et il y a eu le meurtre d'un misérable par un policier : ce crime a conduit à sa mise en examen et à un tam-tam sécuritaire en diable, avec manifestations des confrères très vite et très bien organisées, pour la "légitime défense" des hordes de l'ordre...
Mais ces formes larvées de recours renouvelé à la nazification ne paraissent pas suffisantes dans l'énormité des injustices sociales. Il ne suffit pas des traîtrises écologiques qui ont fait l'échec programmé d'EELV et d'Eva Joly avec mise à l'écart des faits les plus gênants pour les gros richards. Déjà aux Pays-Bas, en Autriche, en Italie, en Grèce encore, en Suisse etc., l'affirmation du pouvoir violent, raciste et xénophobe, est de plus en plus ouverte : il s'agit de réorienter la colère populaire en haine aveugle et folle, et l'efficacité politique du procédé est connue, vérifiable et actuelle. La sournoiserie efficace de la transformation en "respectabilité" du F-haine montre un art de la manipulation que cela vaut la peine d'analyser.
D'après les résultats du premier tour, les indications comparées de sondages multiples (<sondages-en-France>), les déclarations des têtes de listes, les données de l'histoire et les études de sociologie dans l'Hexagone et en Europe, il est raisonnable d'évaluer les pourcentages de voix hors FN pour Hollande et Sarkozy de la façon suivante :
– pour Hollande : héritage du premier tour 29% ; venus de Mélenchon 10% ; de Bayrou, 5 ; de Joly, Dupont-Aignan et l'extrême gauche, 5 ; soit en tout 49%
– pour Sarkozy : héritage du premier tour 28 ; de Mélenchon 0 ; de Bayrou, 4 ; de Dupont-Aignan, Joly et l'extrême gauche, 1 ; soit en tout 33% .
Dans ces conditions, l'aboutissement au score final signifie que
sur les 18% de votes lepénistes,
15% sont allés à Sarkozy
3% à Hollande.
C'est cela qu'il importe désormais de méditer plus que tout, en vue des législatives et surtout des revendications de masses comme, plus généralement, en vue de l'action inévitablement minoritaire dans la mass-médiatisation actuelle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire