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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


lundi 12 mars 2012

Actuel 8 : Garzón


Ce début février, Baltasar Garzón a été « suspendu » de la magistrature par le Tribunal suprême espagnol — décision « à l'unanimité » —.  Le juge qui a fait arrêter Pinochet a cinquante-six ans, la condamnation vaut pour... onze ans.
Garzón est victime d'un procédé fréquemment utilisé par les mafieux et leurs soutiens judiciaires, 1) procès en prétexte, 2) mise en réserve de calomnies annexes :
1) le prétexte est pur juridisme vis-à-vis de l'énormité de la sanction : une affaire d'écoutes téléphoniques illégales — d'ailleurs gênantes pour la droite espagnole parce que mettant au jour un de ses réseaux de corruption
2) la réserve de calomnie concerne une rémunération somptueuse qui aurait été perçue par le juge pour cesser les poursuites contre une grande banque — les mafieux et fascistes sont tous des purs, ce sont les juges qui les poursuivent qui sont corrompus, autre automatisme de ce genre d'attaques.
Voilà pour les effets.

Les faits se rapportent tous à la lutte pour la démocratie en déchaînement maffinancier.
1) Garzón a signé le 1er octobre 1996, avec les magistrats Bertossa de Genève, Bruti Liberati et Colombo de Milan, Dejemeppe de Bruxelles, Jiménez Villarejo de Madrid et van Ruymbeke de Rennes, "l'Appel de Genève". Ce texte commençait par dénoncer, derrière une Europe « en construction visible », « une autre Europe », « moins avouable », celle « des paradis fiscaux », « des comptes à numéros et des lessiveuses à billets », « utilisée pour recycler l'argent de la drogue, du terrorisme, des sectes, de la corruption et des activités mafieuses ». Il concluait sur l'espoir (en 1996) d'une « Europe plus juste et plus sûre où la fraude et le crime ne bénéficient plus de leur impunité actuelle ».
2) Garzón ne s'est pas contenté d'un appel. Il a fait doter l'Espagne d'une législation extrêmement hardie permettant l'ingérence en tous pays pour les crimes contre l'humanité (pareille tentative de « compétence universelle » a eu lieu en Belgique, mais elle a capoté aussi notamment en raison de l'opposition d'Israël, qui ne peut tolérer le classement en crimes imprescriptibles de son action en Palestine). Appuyé sur cette législation, Garzón a reçu un extraordinaire soutien populaire en particulier en Amérique latine, pour son action contre les néonazis au Chili, en Argentine, au Guatemala, à Guantánamo sous Bush II, sans parler de l'arrestation de Pinochet en 1998.
3) La cause réelle, l'action judiciaire de fond contre Garzón est que le pouvoir espagnol a voulu arrêter ses enquêtes sur les crimes franquistes pendant la guerre contre la République espagnole d'abord, puis pendant la dictature ; des plaintes contre ces enquêtes ont été déposées par deux organisations d'extrême droite, au nom de la loi d'amnistie passée en 1977 : le jugement a été discrètement mis en délibéré... pour le moment.
4) Garzón a lutté contre l'ETA, notamment par la fermeture de bars, journaux et associations connus pour leur soutien à l'organisation terroriste basque ; il est indéniable qu'ont eu lieu sous sa responsabilité des arrestations de militants, inculpés d'attentats aveugles et mortels ; ceci posé, quoi qu'on pense de l'affaire basque, on doit se demander ce qu'aurait été l'action judiciaire si un autre juge en avait été chargé : il importe en particulier de se souvenir qu'on doit à Garzón la destruction des GAL, commandos de la mort chargés par le gouvernement (PS) espagnol d'éliminer physiquement, tout simplement, les dirigeants d'ETA.

En peu de mots : toute la classe au pouvoir, droite ou gauche (bourgeoise) espagnole était attaquée par ce juge au nom de valeurs universelles. Il est donc seulement étonnant qu'on ne l'ait pas mis à l'écart plus tôt. Garzón avait même réussi à faire emprisonner un ancien ministre de l'Intérieur. Imaginez qu'en France, van Ruymbeke fasse arrêter...
Mais à qui osez-vous penser ?

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